Le
11 juillet 2006, Jean-Paul Gouteux nous a quitté,
après avoir laissé, entre autres choses,
cette somme sur l’implication de la France dans l’extermination
des Tutsis du Rwanda, ce qu’il aura appelée
La Nuit Rwandaise. La Nuit Rwandaise, une revue annuelle
sur l’implication de la France dans le dernier génocide
du XXème siècle.
Depuis, nombre de ses
amis ont exprimé la volonté de lui rendre
un hommage. Nous avons pensé que la meilleure
façon de le faire serait de continuer son combat
pour la vérité. Comme il en était
persuadé, « la nuit rwandaise finira.
La vérité d’un génocide finit
toujours par émerger. »
Pour continuer ce combat
contre le négationnisme, pour essayer de comprendre,
pour mettre à jour les implications politiques françaises
au Rwanda, les soutiens militaires, les relais médiatiques
et intellectuels de ce « nazisme africain »,
pour qu’enfin notre “Plus jamais ça
!” cesse d’être un vœux pieux et
impuissant, nous avons pensé qu’il serait
utile de faire paraître chaque année, à la
date anniversaire du génocide d’avril, une
revue intitulée, en souvenir de Jean-Paul, La
Nuit Rwandaise.
Génocide au Rwanda : le rôle de la France et de l'Église
Dossier de Golias n°101 coordonné par Mehdi Ba et Christian Terras comportant de nombreux articles écrits par des spécialistes de la question. Il révèle de nombreux scoops et vise à lutter contre "l'internationale du négationnisme". En effet "Des criminels recherchés continuent de parcourir le monde sans être inquiétés, protégés par leurs alliés d'hier. Dotée de moyens considérables, "l'internationale négationniste" s'évertue, chaque année, à malmener cette histoire en propageant une vision mansongère des évènement survenus entre 1990 et 1994.*"
-Soutien du HCR aux génocidaires
hutu : Le Haut Comité aux Réfugiés
(HCR) soutient encore une fois les bourreaux, au mépris
des victimes, des droits humains et de la justice. (Juin
2005)
Gatumba :
Controverses autour du rapport de Human Rights Watch
Le massacre génocidaire de Gatumba, qui a fait 164 morts et plus d'une centaine de blessés et traumatisés le 13 août 2004, semble être en train de servir de prétexte à des manœuvres politiques autour des agendas régionaux des Grands Lacs...
Depuis
dix ans, Le Monde
s'acharne à accuser les leaders tutsis d'avoir assassiné
le président rwandais et d'être responsables du génocide
de leur propre ethnie pour disculper les autorités françaises.
Pour étayer sa thèse, le quotidien a relayé,
sans vérification, tout élément qui paraissait
aller dans son sens [lire les articles sur le
Monde et le Rwanda]
En avril 1994 et pendant trois mois, plus d'un million de personnes ont été tuées au Rwanda parce qu'elles n'appartenaient pas à la bonne "race". Dans ce minuscule Etat africain, culturellement et linguistiquement homogène, les Tutsi, repérés par le fichage ethnique officiel (cartes d'identités) ou au faciès (selon les stéréotypes répandus) ont été systématiquement tués, des vieillards aux nourrissons. Le viol et la torture avant la mise à mort ont également été systématisés.
C'est un génocide au sens premier du terme selon des critères qui s'appliquent à l'extermination des Arméniens et des Juifs. Pour leurs assassins, les Tutsi, les Juifs ou les Arméniens ne pouvaient abjurer. Les massacres des Protestants par les Catholiques (et vice versa), l'extermination de musulmans par les croisés, n'étaient pas des génocides parce qu'un croyant peut se convertir, abjurer sa foi. Les Tutsi, les Juifs et les Arméniens étaient condamnés à mourir pour ce qu'ils sont. C'est-à-dire, dans l'esprit de leurs bourreaux, pour le crime d'être né. C'est ce qui fait l'immense singularité de ce crime.
Récemment (en septembre 2003) Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac, à la suite de François Mitterrand, a parlé de "génocides" au Rwanda. Ce pluriel manifestait l'adhésion publique de l'ancien Président de la République, comme elle manifeste celle de l'actuel responsable de la diplomatie française, à la théorie révisionniste dite du "double génocide".
Selon cette théorie, le génocide des Tutsi du Rwanda serait le pendant d'un "génocide des Hutu" par la rébellion du Front patriotique rwandais. La reprise en 2003 d'une théorie révisionniste par une voix officielle montre qu'il s'agit là pour la politique française d'un problème majeur, permanent et profond.
L'explication proposée ici à la réflexion des lecteurs renvoie à l'implication militaire, diplomatique et financière des autorités françaises dans le génocide rwandais. Elle évoque aussi la prégnance dans ces mêmes sphères de l'ethnisme, ce racisme issu du passé colonial et du néocolonialisme présent
[lire la suite]
" Le génocide n'était
pas inévitable. Il aurait aussi pu être arrêté
une fois commencé. Ce n'était ni une tempête, ni le
résultat des forces impersonnelles de l'histoire. C'était
le résultat de décisions politiques, prises par des hommes
politiques (...). "
Alison des Forges, Audition à
l'Assemblée nationale, le 16 juin 1998.
" Les complices, eux ne se salissent pas les mains. Mais dans
un environnement criminel, ils contribuent à développer
la mentalité génocidaire, c'est à dire à
s'engager dans le meurtre collectif de membres d'un groupe. Par leur
consentement, ces complices favorisent l'escalade d'une violence qui
commence par la formulation d'une idéologie de victimisation
pour s'achever par la mise en pratique d'une politique d'extermination.
"
Yves Ternon, l'État criminel,
Seuil, 1995.
" L'enfant Juif gazé ou l'enfant Tutsi égorgé
sont tués parce qu'ils sont nés Juif ou Tutsi. Leur appartenance
à l'humanité est, au regard de cette qualité, niée
par leurs bourreaux. Dès lors, c'est toute l'humanité
qui est fondée à réclamer justice en leur nom.
"
Robert Badinter, Préface
à La Cour pénale internationale.