Commission d'Enquête Citoyenne
pour la vérité sur l'implication française dans le génocide des Tutsi au Rwanda
INFOS:  http://cec.rwanda.free.fr/

Aircrige
La Cimade
Survie
Obsarm

Retour:

Génocide rwandais: le rôle "inavouable" de la France, selon Saint-Exupéry
(AFP 21/03/2004)

PARIS, 21 mars (AFP) - De l'automne 1991 à la mi-juillet 1994, les autorités françaises, de gauche et de droite, ont engagé et maintenu une présence militaire décisive aux côtés du régime hutu rwandais responsable du génocide, assure Patrick de Saint-Exupéry dans un ouvrage à paraître le 25 mars.

"Des soldats de notre pays ont formé, sur ordre, les tueurs du génocide tutsi" qui fit de 800.000 à un million de morts en cent jours, d'avril à juin 1994, écrit le journaliste du Figaro qui complète ainsi dans "L'Inavouable, la France au Rwanda", l'enquête qu'il avait commencé de publier au printemps 1998 dans les colonnes du quotidien français.

A l'été 1994, Patrick de Saint-Exupéry tombe à Bisesero (sud-ouest du Rwanda, 800 rescapés sur 5.000 Tutsis) sur un détachement de l'armée française, déployé dans le cadre de l'opération Turquoise. Sous ses yeux, un officier du GIGN (gendarmerie d'élite) - qui a revêtu une vareuse de l'armée rwandaise sur son uniforme - s'effondre et lâche: "L'année dernière, j'ai entraîné la Garde présidentielle rwandaise". Celle-là même qui mena les tueurs à leurs victimes.

Rentré à Paris, pour comprendre, le journaliste rencontre de nombreux soldats et officiers, "des blessés du génocide", qui seront "soulagés de parler".

L'engagement militaire de la France fut massif, assurent-ils, dans ce petit pays d'Afrique centrale pauvre et surpeuplé: jusqu'à 50.000 hommes en 1992 et plusieurs millions d'euros d'armes livrées.

Jusqu'à la fin du génocide à la mi-juillet 1994, le président François Mitterrand a soutenu ses alliés hutus face au Front Patriotique rwandais (rébellion majoritairement tutsie), espérant même les remettre en selle à la faveur de l'opération Turquoise.

La plongée au coeur des ténèbres fut décidée au nom de la francophonie, d'une certaine idée de la "famille franco-africaine", avance Saint-Ex qui explique aussi que le Rwanda servit de laboratoire à une guerre subversive, menée par la France pour répondre à "son désir d'empire".

S'il affirme que de 1991 à 1994 l'ombre de l'Elysée "a pesé à chaque tournant de la tragédie rwandaise", il relève également qu'à compter du printemps 93, cohabitation oblige, la droite a "assumé" les choix du président socialiste François Mitterrand.

Un président, assure Patrick de Saint-Exupéry, qui confiait à ses proches à l'été 94: "Dans ces pays là, un génocide n'est pas trop important".

 

A lire: "L'Inavouable, La France au Rwanda", Patrick de Saint-Exupéry, Ed.Les Arènes, 290 pages, 19,90 euros.