Commission d'Enquête Citoyenne
pour la vérité sur l'implication française dans le génocide des Tutsi au Rwanda
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La Voix du Nord
28 mars 2004

La France mise en cause par des ONG

DES organisations non gouvernementales ont mis en cause le rôle de la France au Rwanda pendant le génocide de 1994, après avoir examiné des témoignages selon lesquels l’Etat français pourrait avoir été complice des massacres.
Ces ONG, dont l’organisation protestante d’entraide la Cimade, ont constitué depuis lundi dernier une « commission d’enquête citoyenne ». Si la responsabilité de la France était confirmée « la saisine des instances judiciaires serait nécessaire, qu’il s’agisse du Tribunal pénal international d’Arusha ou de la justice française », a-t-elle ajouté, demandant aussi de « vérifier la responsabilité de l’ancien président Mitterrand ».

Graves accusations

La commission a étudié pendant cinq jours témoignages et documents suggérant que l’Etat français et certains de ses représentants pourraient avoir été complices du génocide rwandais du printemps 1994. Elle a étudié les aspects militaire, financier, diplomatique, ainsi que l’Opération Turquoise menée par l’armée française au Rwanda sous mandat onusien. Au plan financier, la commission a constaté que la Banque nationale du Rwanda, « trésor de guerre des organisateurs du génocide », avait tiré en 1994 près de 3 millions de francs (460 000 €) de la Banque de France et quelque 30 millions de francs (4,6 millions d’euros) de la BNP. « Comment l’autorité de tutelle de la place financière de Paris a pu ne pas demander de couper les liens financiers avec les autorités génocidaires ? », s’est interrogée la commission en ajoutant : « Comment la BNP a pu ignorer ces prélèvements ? »

La commission dit notamment avoir recueilli « une série de témoignages qui portent des accusations très graves contre certains militaires français, accusés non seulement d’avoir laissé en paix les génocidaires, mais encore d’avoir coopéré avec eux, voire de les avoir incités à "finir le travail", en "purgeant" notamment la poche de résistance de Bisesero, ou d’avoir aidé les miliciens à débusquer les survivants, ou de leur avoir livré des rescapés ».

« Bien que ces témoignages évoquent un degré de complicité qu’elle ne pouvait imaginer, la Commission estime qu’il n’est pas possible de ne pas chercher à les vérifier, dans la mesure où des survivants et des miliciens repentis soutiennent des récits concordants. »

Dans un livre, Patrick de Saint-Exupéry, grand reporter au Figaro, affirme que des soldats français « ont formé, sur ordre, les tueurs du génocide Tutsi », en leur inculquant les principes de la guerre antisubversive.

Une mission parlementaire, constituée en 1998, avait conclu que la France n’avait « en aucune manière incité, encouragé, aidé ou soutenu ceux qui ont orchestré le génocide ».