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1994,
une bogue dans lhistoire de France Jacques Morel 28 février
2003
Dix
ans après, la question du rôle de la France au Rwanda et dans larène
internationale lors du génocide des Tutsi en 1994 suscite soit un silence
pesant, lindifférence, lesquive ou bien des protestations
outrées contre le « règne de la terreur » de Paul Kagame,
élu avec un « score "soviétique" » selon
Stephen Smith
[1]
. Tout est organisé pour nous faire oublier. Linformation
en provenance du TPIR
[2]
où se déroule le procès
le plus important, celui de Bagosora, ne nous parvient plus. Amnesty
International mobilise en faveur des criminels emprisonnés au Rwanda
et lICG
[3]
recommande de poursuivre le FPR pour crimes de guerre
plutôt que les auteurs du génocide.
Pourtant,
malgré cet océan dindifférence, lhorreur du génocide taraude
encore la conscience des Français comme loeil regardait Caïn.
Durant tout le mois daoût 2003, France Culture a relaté le procès
à Bruxelles des quatre de Butare. Le livre de Jean Hatzfeld, Une
saison de machettes
[4]
a empêché de refermer la page.
Puis
les remous provoqués par la publication au Canada du livre du général
Dallaire ont pris le relais
[5]
. Son témoignage au procès des militaires à Arusha
et la publication de son livre en France provoque un tir de barrage
du Monde le 8 décembre : Dallaire est grièvement blessé,
il ne se remet pas de ce quil a vécu au Rwanda, bref il est fou.
Certes, son livre comporte des erreurs mais il est accablant, pour la
France en particulier. « Linvasion Turquoise » visait
à garder Kigali au gouvernement intérimaire. Kouchner fut même à nouveau
de service, pour refaire limage du gouvernement génocidaire et
pour négocier lévacuation dorphelins par larmée française.
Censée être neutre, celle-ci recueille lors de la débâcle, le commandant
de larmée défaite, le rhabille, le protège à Goma.
Patrick
de Saint Exupéry, journaliste au Figaro, va publier un livre La France
au Rwanda le 25 mars 2004. Cest lui qui en 1994 a été le témoin
du refus durant trois jours du commandement de Turquoise de secourir
les Tutsi survivants pourchassés dans les montagnes de Bisesero et dénonça
la collaboration des militaires français avec le médecin Clément Kayishema,
préfet de Kibuye, et promoteur de la solution finale à la question tutsi.
Patrick de Saint-Exupéry mit en cause le 12 janvier 1998, le Président
de la République, François Mitterrand, pour qui « dans ces pays-là,
un génocide cest pas trop important », ce qui déclencha
comme contre-feu, une mission dinformation parlementaire organisée
par lancien ministre de la Défense socialiste, Paul Quilès. Patrick
de Saint Exupéry, un des meilleurs connaisseurs du dossier, va probablement
revenir sur ce que cette mission na pas réussi à occulter. Celle-ci,
qui était dépourvue des moyens dune véritable commission denquête,
avait conclu que la France a commis des erreurs mais quelle « nest
pas impliquée dans ce déchaînement de violences »
[6]
. Lexamen des responsabilités françaises par
les députés élus du peuple nira pas plus loin.
Beaucoup
de ceux qui avaient demandé une commission denquête se contentèrent
du rapport de cette mission parce que à leurs yeux la situation en 1998
avait complètement changé. En effet, grâce à lOpération Turquoise
qui a stoppé lavance du FPR, les tueurs et leurs commanditaires
ont pu passer avec armes, bagages et otages au Zaïre sans être inquiétés.
Ils semèrent la terreur au Kivu et au Rwanda et provoquèrent la riposte
du gouvernement de Kigali en 1996. La chute de Mobutu sensuivit,
malgré sa laborieuse remise en selle depuis deux ans par la diplomatie
française.
Cette
extension de la guerre au Zaïre était la conséquence directe du refus
de la France en juillet 1994 de désarmer et darrêter les assassins
et leurs commanditaires, alors quelle avait un mandat de lONU
sous chapitre VII, cest à dire le droit dutiliser la force,
que le génocide avait été reconnu dans sa définition légale par la Commission
des droits de lhomme de lONU. Elle y était tenue en tant
quadhérente à la Convention de 1948 pour la prévention et la répression
du crime de génocide.
Avec
laide du comparse Boutros Boutros-Ghali, secrétaire général de
lONU, Mitterrand et Balladur avaient réussi à maintenir au Conseil
de sécurité le représentant du gouvernement rwandais organisateur du
génocide et, le 1er juillet 1994, à faire reporter la reconnaissance
de ce génocide par le Conseil de sécurité au mois doctobre quand
le génocide était terminé, les Français partis et les assassins transformés
en victimes entretenues par le HCR. Pourtant la Convention de 1948 était
suffisante pour rendre contraignantes aux signataires les obligations
de poursuites des présumés coupables. Il ny avait nul besoin de
lavis du Conseil de sécurité de lONU. Une instance de lONU
avait reconnu le génocide, cétait suffisant. Dautant plus
quaucune hésitation sur le caractère programmé des massacres visant
les Tutsi en tant que tels nétait possible dès le 12 avril, le
jour où lambassadeur de France sest enfui.
« De
toute façon "génocidaire" restera en français synonyme de
complicité honteuse », écrit Alain Rollat
[7]
. Cette implication de la France dans un génocide
renvoie à la complicité du régime de Vichy avec les nazis, en particulier
ces cartes didentité à mention raciale que la France na
pas fait supprimer au Rwanda en échange de son soutien militaire. Mais
la comparaison avec Vichy tient-elle ? Elle est suggérée par les
débats qui ont agité le peuple de gauche en 1994 quand au passé pétainiste
de Mitterrand. Le régime de Vichy a-t-il provoqué la mort dun
million de personnes ? Et quelle est donc la puissance étrangère
qui occupait la France en 1994 et la forcé à commettre des actes
indignes ? Il semble que le forfait accompli par la France en 1994
soit pire que ce quont fait les Pétain, Laval, Darquier, Bousquet,
etc.
En
prétendant maintenir la stabilité du Rwanda, la France a réussi à déstabiliser
toute la région. La fidélité à légard de ses amis, auteurs du
génocide des Tutsi du Rwanda, a provoqué la guerre au Zaïre, au Congo
Brazza, à sa reprise au Burundi. Ainsi ce nest pas un million
de morts qua provoqué la politique de la France mais plutôt quatre.
Cette
complicité de génocide de la France nest pas le fait dobscurs
réseaux ou de militaires égarés comme les sinistres Voulet et Chanoine
partis à la conquête du Tchad en 1899. Elle a été voulue par le pouvoir
politique, en premier lieu par le Président de la République, un homme
de gauche, celui quon loue davoir aboli la peine de mort.
Elle a été voulue par le gouvernement RPR du Premier ministre Balladur
qui a assumé lhéritage de la gauche au Rwanda. Les auteurs de
ces lignes comme tous leurs concitoyens se retrouvent, à cause de ces
dirigeants et par la vertu de la démocratie, complice dun génocide
sans avoir été consulté sur le soutien militaire de son pays à un régime
en pleine dérive raciste. Le seul moyen qui nous reste pour nous libérer
de cette culpabilité qui pèse sur nous, cest dintenter un
procès en justice contre les dirigeants français de 1994.
Dans cette perspective, la relance du débat sur
la complicité de la France dans le génocide des Tutsi par une « Commission
denquête citoyenne » (voir encadré) ne peut quêtre
positive si cette commission débouche sur une plainte en justice à lencontre
des principaux protagonistes : Mitterrand (mais son décès éteint
les poursuites judiciaires), Balladur, Juppé, Léotard, Roussin, Delaye,
etc. Elle aura donné la parole aux citoyens et fait progresser la cause
de la justice et de la lutte contre limpunité politique. En effet
si lincrimination de complicité de génocide est établie, il y
a crime et laffaire se traite en justice devant un tribunal. Du
reste des preuves de ce crime ne sont pas accessibles au simple citoyen
vu que nombre de documents sont couverts par le secret-défense
mais devraient être accessible à un juge dinstruction.
Le
dossier de mise en cause des dirigeants français doit être extrêmement
bien charpenté. Il est possible de le faire. Les arguments ne manquent
pas, il faut les asseoir sur des preuves solides. Les dirigeants français
partageaient en partie lidéologie ethniste qui a sous-tendu le
génocide, lidée de peuple Hutu majoritaire, des Tutsi aristocrates
et envahisseurs, lassimilation de tout Tutsi à lennemi potentiel.
Ils nont pas protesté devant les campagnes de haine dans les journaux
ou à la radio. Ils nont pas fait supprimer la mention ethnique
sur les cartes didentité et le système des quotas, dispositions
authentiquement racistes. Lambassadeur Martres connaissait dès
la fin 1990 lintention quavaient des membres du clan présidentiel
dexterminer les Tutsi. De 1990 à 1993, les dirigeants français
ont soutenu militairement un gouvernement qui organisait des massacres
de ses concitoyens. Les militaires français ont participé à lélaboration
du plan dautodéfense civile, à la formation de la Garde présidentielle
et des milices. Lors de la signature des accords de paix dArusha
que la France disait soutenir, des armes ont été livrées aux FAR en
infraction avec ces accords, la participation du parti extrémiste CDR
aux institutions de transition a été soutenue alors que ce parti ne
voulait pas des accords de paix et refusait dadhérer au code déthique.
Alors que les militaires français étaient censés partis, ils écoutaient
les communications téléphoniques et herziennes et ne fournissaient aucune
information à la force de maintien de la paix de lONU, la MINUAR.
Un rappel est ici nécessaire (voir encadré).
Alors
que les crimes commis par la France lors des guerres de répression des
mouvement dindépendances dans les colonies françaises sont couverts
par des lois damnistie et une interpétation restrictive des crimes
définis par le tribunal de Nuremberg, le crime commis en 1994 contre
les Tutsi ne lest pas. Car il y a comme une bogue
[8]
dans lhistoire de France en 1994 : En
mars, la répression du crime de génocide est introduite dans le Code
pénal. La France a attendu quarante quatre ans après la signature de
la convention de 1948 sur le génocide pour le faire. Et en avril, la
France est impliquée dans un génocide planifié par ses amis au Rwanda.
Il y a là comme un trou de sécurité, comme une faille dans la cuirasse
de lÉtat français militaire, raciste et menteur. Une faille dans
laquelle tout citoyen espérant un monde meilleur doit sengouffrer.
Sil est permis dutiliser
une image, reprenons la phrase célèbre de Pascal, le physicien, pour
illustrer en mécanique leffet du bras de levier : « Donnez
moi un point dappui », aurait-il dit, « et je
soulèverai le monde ». Ce que nous avons à faire, cest
de soulever le masque de mensonge de lÉtat français qui se dit
défenseur des droits de lhomme, alors quil commet sous couvert
du secret défense et du secret dÉtat les pires crimes. Le point
dappui, cest lempilement de cadavres et dossements
des victimes du génocide des Tutsi de 1994. Le levier, cest le
dossier denquête que les citoyens informés doivent fournir à la
justice. Il doit être assez long pour permettre leffet bras de
levier et assez rigide pour ne pas plier ou casser. Après quoi, pour
soulever le masque de lÉtat français, il ny aura pas besoin
de beaucoup de citoyens et citoyennes pour appuyer sur le levier et
soyons en sûr, le point dappui des morts ne lâchera pas. Cette
mise à bas du masque de mensonge de lÉtat français sera salutaire
pour nous Français et lhumanité entière qui manifestera ainsi
son refus du pire. Car nul de doit accepter quun pays si beau,
si riche, si jardiné comme la France, commette de telles horreurs dans
ces contrées doù vint lhomme. J.M. & J.-P. G.
La
Commission dEnquête Citoyenne
Organisée
par Survie, Aircrige (Association Internationale de Recherches sur
les Crimes contre lHumanité et les Génocides), la Cimade et
lObservatoire sur les transferts darmements (Obsarm) [http://www.enquete-citoyenne-rwanda.org/] ,
la CEC examinera du 22 au 26 mars 2004 lensemble des éléments
à sa disposition faisant peser sur la France le soupçon dune
complicité avec lun des plus graves crimes du XXème siècle.
Cette entreprise porte un immense espoir, mais pourrait être aussi
récupérées par les autorités et tous ceux qui souhaitent étouffer
laffaire une nouvelle fois. Ses objectifs paraissent peu explicites.
Cette commission ne peut être un tribunal, dailleurs ses membres
ne veulent en acun cas jouer ce rôle. Léchec serait total pour
la vérité et la justice si elle conclueait simplement ses travaux
par une recommandation : que la France demande pardon au peuple
rwandais et quelle répare ses fautes par quelques secours au
profit des victimes. Ceux-ci en ont certes un grand besoin, mais si
lincrimination de complicité de génocide est établie, il y a
crime et laffaire se traite en justice devant un tribunal. Lindemnisation
et laide due aux victimes aura alors toute sa place et sa justification
judiciaire. On sortira de la charité chrétienne pour en venir à léquitée
et la fraternité citoyenne.
PREUVES DE LA COMPLICITE
DE LA FRANCE
Rappel
des faits
Après lattentat du 6 avril des militaires
français sont aussitôt sur les lieux du crash mais la France ne communiquera
rien de ce quils ont trouvé. Ils sont présents dans la nuit
du 6 au 7 avril, à létat-major, là où démarre le putsch militaire,
les assassinats des personnalités politiques « modérées »
et les massacres systématiques des Tutsi. Lambassadeur de France
semble ne pas se formaliser de lassassinat de madame le Premier
ministre
[9]
. De nombreuses autres personnalités politiques
« modérées », en particulier de membres du futur gouvernement,
désignés dans le cadre des accords dArusha sont assassinées.
Il abrite à lambassade des personnalités extrémistes commanditaires
des massacres en cours et contribue à composer avec elles un gouvernement
de manière à masquer le putsch. Au Conseil de sécurite où le Rwanda
a un siège, le représentant de la France se fait le porte parole du
représentant rwandais. Pendant que la garde présidentielle et les
troupes délite massacrent, les militaires français organisent
avec elles lévacuation de personnalités du clan présidentiel.
Quand de nouvelles troupes françaises arrivent, elles prennent le
contrôle de laéroport en coopération avec larmée rwandaise
qui est directement impliquée dans les massacres, elles lui amènent
des armes. Elles ont pour mission dévacuer uniquement les Français,
des expatriés et des Rwandais du clan présidentiel qui ont participé
à la planification du génocide. Le personnel tutsi de lambassade
et du Centre culturel français ainsi que leurs familles sont abandonnés
à leurs assassins. Les troupes françaises ne collaborent ni avec la
MINUAR ni avec les troupes belges pour faire cesser les massacres.
Les militaires français assistent sans bouger au massacre de familles
entières par des miliciens protégés par des militaires rwandais que
la France a contribué à former et armer. Lambassadeur et les
militaires français quittent le Rwanda laissant les Belges et la MINUAR
aux prises avec ce qui est de toute évidence une extermination planifiée
et systématique des Tutsi. La France vote la diminution des effectifs
de la MINUAR.
Pendant que le génocide se poursuit, la France
reçoit à lElysée et à Matignon le ministre des affaires étrangères
du gouvernement qui organise ce génocide, flanqué dun extrémiste
CDR, un des fondateurs de la radio qui pousse aux massacres, la RTLM.
Cette étape parisienne procure la respectabilité à ces auteurs du
génocide et leur ouvre la porte de lONU à New York. De hauts
responsables militaires français contribuent à lapprovisionnement
en armes de larmée rwandaise via Goma. La France reconnaît
quil y a génocide au Rwanda à la commission des droits de lhomme
le 24 mai à Genève. Cependant elle ne cesse de demander un cessez-le-feu
et de dénoncer une agression soutenue par lOuganda. Un cessez-le-feu
redonnerait de la crédibilité au gouvernement intérimaire qui orchestre
le génocide. La France vote pour le déploiement dune nouvelle
MINUAR mais ne fait rien de concret pour la constituer. Mitterrand
déclare que la France ne peut soccuper de rétablir la paix partout
[10]
. Après que le FPR ait occupé lest du Rwanda,
encerclé Kigali et pris Gitarama, la France, qui a laissé ceux quelle
a armé, exécuter le génocide pendant deux mois décide soudain le 15
juin, par la bouche de son Président, quil est urgent dintervenir
militairement au Rwanda. Elle présente une résolution au Conseil de
sécurité qui lautorise à une opération humanitaire sous chapitre
VII. Elle tente sans succès de faire accepter par lONU que lopération
contrôle tout louest du Rwanda y compris Kigali (lopération
Turquoise). Elle envoie des troupes au Zaïre avant même davoir
le feu vert de lONU. Après avoir protégé un camp de réfugiés
Tutsi, les troupes françaises renaclent à porter secours aux Tutsi
qui sont traqués par les soldats et miliciens commandés par les autorités
rwandaises avec qui Turquoise collabore. Après la chute de Butare,
la France décide détablir une zone humanitaire sûre (ZHS) où
les assassins se retrouvent protégés du FPR par larmée française.
Ils y poussent la population. Les Français laissent les radios qui
appellent au massacre des Tutsi continuer à émettre. Après la chute
de Ruhengeri et Gisenyi, les Français laissent les membres du Gouvernement
intérimaire se réfugier dans la ZHS puis partir au Zaïre sans les
arrêter. Les Français ne sopposent pas à lexode des populations
vers le Zaïre, organisé par le Gouvernement intérimaire. Alors que
le génocide est reconnu, les Français ne désarmeront pas les auteurs
du génocide, ceux quils avaient arrêtés furent relâchés au départ
de lopération Turquoise.
[1]
Avec Jean-Philippe Rémy, « Au Rwanda,
le sacre électoral de la peur dix ans après le génocide », Le
Monde 6 novembre 2003
[2]
Tribunal pénal international pour le Rwanda
à Arusha [3] LInternational Crisis Group, une ONG très infiltrée dont nous avons déjà parlé dans Liaison-Rwanda
[4]
Jean Hatzfeld, Une saison de machettes,
Editions du Seuil, 2003. [5] Roméo Dallaire, Jai serré la main du diable. La faillite de lhumanité au Rwanda. Libre expression, 2003.
[6]
« Rwanda: comment la France sest trompée », Le Monde
du 17 décembre 1998.
[7]
Alain Rollat, Génocide, du grec « genos
», etc., Le Monde, 10 Décembre 1999 [8] bogue: enveloppe piquante dune châtaigne. Traduction de langlais bug : erreur dans un programme dordinateur. [9] Peu de responsables français se sont exprimés à propos de l'assassinat de la Première ministre, Madame Agathe Uwilingiyimana. Le seul à notre connaissance, c'est Bernard Debré pour déplorer la nullité des paras belges. Les autres n'ont pas un mot pour Agathe, Marlaud compris, malgré sa présence sur les lieux. Lors de son audition à la Mission din formation (faite à huis clos mais dont le rapport Quilès donne un compte-rendu), Marlaud parle de sa réunion le 8 avril 1994 avec les ministres MRND et les représentant du Hutu power, mais ne dit rien de cet assassinat. [10] Le Monde du 12 mai 1994, page 8,9 : « L'entretien télévisé du président de la République » « J'ai fait ce que j'ai cru devoir faire », déclare François Mitterrand. Extrait : « On parle de deux cent mille morts (...). Nous ne sommes pas destinés à faire la guerre partout, même lorsque c'est l'horreur qui nous pend au visage. Nous n'avons pas le moyen de le faire et nos soldats ne peuvent pas être les arbitres internationaux des passions qui, aujourd'hui, bouleversent, déchirent tant et tant de pays. Alors, nous restons à la disposition des Nations unies. Les Nations unies qui s'étaient emparées de ce problème, devant la violence des combats, l'assassinat des deux présidents du Rwanda et du Burundi et les avancées du mouvement d'opposition, appuyé par un pays voisin, l'Ouganda -- tout cela à cause des affinités ethniques --, les Nations unies se sont retirées. Eh bien, nous n'avons pas à nous y substituer, ce n'est pas notre rôle. » |