Soutien du HCR aux génocidaires hutu :
Le Haut Comité aux Réfugiés (HCR) soutient encore une fois les bourreaux, au mépris des victimes, des droits humains et de la justice.

Il y a dix ans après que venait de s'achever le génocide des Tutsi, le HCR accueillait dans ses camps les FAR, les forces génocidaires vaincues ainsi que les masses hutu poussées à l'exil forcé et encadrées par les miliciens. Tous ces exilés furent qualifiés de « réfugiés » sans distinction ni précaution, niant donc implicitement le génocide « populaire » (réalisé par la population) qui a éliminé 90% de la population tutsi du Rwanda. Dans les camps du HCR, les anciennes autorités génocidaires ont pu en toute impunité éliminer les Tutsi survivant emmené dans le flux : les enfants perdus et les épouses tutsi ayant suivi leurs maris. Les dirigeants des FAR et les bourgmestres et les autres autorités qui avaient planifiées et dirigées le génocide, organisèrent aussi librement la propagande génocidaire dans ces camps administrés par le HCR. Elles pouvaient menacer et éliminer les Hutu innocents candidats au retour. De l'aveu même du HCR, ces assassinats auraient produit quelque trente morts par jour dans la région de Goma en novembre 1994[1].


Des camps du HCR situés au Zaïre, les FAR s'organisèrent pour lancer contre le Rwanda des incursions meurtrières. Le Rwanda réclamait l'éloignement des camps situés à quelques kilomètres de ses frontières, en violation de la légalité internationale (convention de l'OUA de 1969). Toujours à partir de ces camps, les autorités responsables du génocide clamaient à la presse leur intention de l'achever (en clair: de rentrer au Rwanda pour terminer l'extermination des Tutsi). Ce scandale dura jusqu'à ce que le Rwanda décide de démanteler les camps en Octobre 1996. Le gros des exilés - ceux qui avaient la conscience la moins chargée - regagna le Rwanda. Les ex-FAR (futures FDLR) et les familles des criminels les plus impliqués préférèrent s'enfoncer dans les forêts du Zaïre ou s'envoler vers des pays plus propices (pour les leaders). Dans Le Monde Diplomatique, l'humanitaire Alex de Waal signale qu'il s'agit là d'un scandale historique d'une importance considérable : « au nom des principes humanitaires, le HCR et bon nombre d'agences humanitaires ont donc 2couvert2 une force militaire extrémiste. Deux ans et demi durant, l'ONU n'a pris aucune sanction contre l'utilisation abusive de ses programmes : des centaines de millions de dollars destinés à l'aide humanitaire avaient pourtant été détournés pour soutenir un nouveau génocide »[2].


Le HCR bafoue encore une fois la justice


Aujourd'hui, des hutu rwandais arrivent au Nord du Burundi, fuyant les tribunaux Gacaca (prononcer Gatchatcha) qui s'apprêtent à les interroger et à inculper ceux qui seront désigné par un tribunal populaire pour leur participation au génocide des tutsi d'avril-juin 1994. Que fuient ceux que le HCR s'évertue une fois de plus à qualifier de « réfugiés » ? La justice, et une justice faite en grande majorité par des paysans hutu qui n'ont pas trempés dans le génocide où qui étaient moins impliqués qu'eux. Là encore, comme en 1994, les représentants du HCR et de la Croix Rouge Internationale, appuyés par tous les ONG ethnistes et les lobbies antitutsi européens et américains se sont empressés de traiter en « réfugiés » les génocidaires hutu rwandais fuyant la justice. Le HCR et la Croix Rouge Internationale (CICR) ont donc érigé des camps dans la province de Cankuzo, installant plus de mille de ces fugitifs hutu.


Dans un premier temps, les hautes autorités du Burundi ont laissé faire la Croix Rouge Internationale et le HCR et les ont même autorisées à traiter les présumés génocidaires rwandais comme des réfugiés. Cette attitude de complaisance du gouvernement burundais, du HCR et de la CICR a suscité la colère du gouvernement rwandais qui a fait pression sur les plus hautes autorités du Burundi pour que les choses changent. A la suite de la première rencontre entre les représentants des gouvernements des deux pays qui a eu lieu à Ngozi fin avril 2005, les autorités burundaises accédèrent aux demandes du gouvernement rwandais : le Burundi interdit au HCR de continuer à construire des camps de réfugiés à Cankuzo et à considérer les Rwandais fuyant la justice de leur pays comme des réfugiés. Le gouvernement burundais s'associa même au rapatriement de ces fugitifs.


Le HCR et à CICR donnèrent alors ordres à leurs représentants au Burundi de continuer à acheminer les présumés génocidaires hutu rwandais vers les camps de Cankuzo sans en référer aux autorités administratives burundaises. Parallèlement, des ONG pilotées par les tendances ethnistes antitutsi incitèrent les fugitifs déjà rapatriés à revenir au Burundi par des chemins détournés et par vagues successives. Informé, le présidant burundais, Domitien Ndayizeye hausse le ton et menace les représentants du HCR et de la CICR de les expulser du Burundi s'ils continuaient d'ignorer les directives du gouvernement. Il confirme par la même occasion l'interdiction d'acheminement de ces fugitifs vers Cankuzo. Bien plus, il autorise les autorités rwandaises à participer directement, sur le sol burundais, à la gestion de ce problème de fugitifs rwandais.


Les ONG ethnistes au service des criminels


Le HCR s'est alors appuyé sur les ONG prestigieuses telles que Human Rights Watch et Amnesty International pour lancer une campagne médiatique en prétendant que les hutu rwandais étaient malmenés, qu'on leur refusait le statut de réfugiés en violation des Conventions internationales et qu'on cherchait à les renvoyer de force au Rwanda. Amnesty et d'autres ONG pilotés par les services secrets français, s'étaient déjà tristement illustrées en 1994-1996 dans les camps d'exilés hutu du Zaïre, puis dans la promotion du directeur ethniste du journal rwandais catholique Kinyamateka et même dans la défense d'un journaliste génocidaire et violeur comme Ruyenzi. Parallèlement, ces ONG qui ne cachent même pas leur conception racialiste de la société rwandaise, mettaient également à contribution les Ambassades occidentales accréditées au Burundi et à l'ONUB en leur demandant d'exercer les pressions nécessaires sur les autorités burundaises pour éviter le rapatriement forcé des Rwandais fuyant la justice de leur pays.
En définitive, toutes ces tentatives échoueront. Elles illustrent cependant l'idéologie qui anime ces organisations. On se trouve là encore devant une négation implicite du génocide des tutsi, de sa genèse, de ses méthodes populaires et du caractère massif de sa réalisation. Bien plus, ces organisations internationales affirment ainsi leur mépris pour les victimes, pour les rescapé-e-s du dernier génocide du XXe siècle. Le Rwanda se débat seul dans les immenses défis soulevés par la mise en place de la justice après un crime de cette ampleur. Les Tutsi rescapés sont harcelés tout comme les témoins hutu qui osent témoigner alors qu'une partie considérable de la population a participé à l'extermination.


Cependant, cette volonté de faire obstacle à la justice n'est pas isolée. C'est un syndrome caractéristique dû à l'implication de nombreuse ONG et organisations religieuses avec l'ethnisme hutu depuis les années cinquante et ensuite avec le Hutu Power depuis 1994[3]. C'est aussi une conséquence des complicités politiques inavouées dans ce crime, en premier lieu celles de l'État français, dont les agissements en sous-mains n'ont jamais cessé sur ce sujet brûlant.


J-P Gouteux
Chercheur Français

Notes:

1- HCR, Les réfugiés dans le monde, La Découverte, 1997, page 66.

2- Le Monde Diplomatique, avril 1998, page 32. Alex de Waal, analyste, est directeur de Justice Africa, ONG basée à Londres. Il a travaillé pour African Rights, Human Rights Watch et InterAfrica Group.

3 - Voir Jean-Damascène Bizimana (ex-Père Blanc), L'Église et le génocide au Rwanda. Les Pères blancs et le négationnisme. L'Harmattan, 2001.

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