Rwanda: une plainte visant les militaires français a été déposée pour "complicité de génocide"

PARIS (AP) - Les avocats de six plaignants rwandais ont porté plainte mercredi contre X au Tribunal aux armées de Paris (TAP) pour "complicité de génocide". Ils mettent en cause le rôle de l'armée française lors du génocide commis en 1994 au Rwanda.

"Nous avons déposé plainte avec constitution de partie civile au nom de six plaignants rwandais qui apportent des faits très précis sur l'intervention des troupes françaises dans la zone d'opération Turquoise", a déclaré Me Antoine Comte après dépôt de la plainte, qui vise également la complicité de "crime contre l'humanité".

Le TAP est seul compétent pour juger des crimes ou des délits commis par des soldats français en France ou à l'étranger. Si investigation il y a, elle ne devrait pas avoir lieu avant plusieurs mois.

"Ces faits s'analysent de notre point de vue en une complicité de génocide puisqu'il y a une véritable participation des troupes françaises à des opérations contre un groupe ethnique", a ajouté l'avocat. Me Comte précise qu'un certain nombre de faits sont corroborés par trois témoins, dont deux sont en attente d'être jugés par le tribunal pénal international pour le Rwanda.

La France était la seule puissance étrangère présente dans le pays avec "l'opération Turquoise", une opération humanitaire sous mandat de l'ONU. Certains l'accusent aujourd'hui d'avoir prêté main forte aux génocidaires plutôt que d'aider les victimes.

"C'est une opération qui se donne une apparence humanitaire mais qui également a pour but d'empêcher le Front patriotique rwandais (FPR) d'avancer", a souligné mercredi Me Comte. Dès le début de l'intervention, les militaires français ouvrent dans la zone humanitaire définie par les Nations unies, des camps comme celui de Murambi, où se réfugient les Tutsis pourchassés par le régime.

Les plaignants assurent que les soldats français laissaient des membres des Forces armées rwandaises (FAR) ou de la milice interahamwe entrer dans ces camps pour y appréhender des Tutsis.

Selon Me Comte qui a déposé la plainte en compagnie de Me William Bourdon, des témoignages font état d'exactions commises par des militaires français. Des soldats "se seraient emparés de Tutsis qu'ils auraient pris dans des hélicoptères et les auraient ensuite jetés dans le vide".

Le génocide rwandais a commencé dans la soirée du 6 avril 1994, quelques heures après la chute du Falcon 50 qui transportait le président Juvénal Habyarimana, chef de la majorité hutue.

Du 6 avril 1994 à la victoire des rebelles du Front patriotique rwandais (FPR) en juillet, quelque 800.000 personnes -des Tutsis et des Hutus opposés aux extrémistes- ont été assassinées au "Pays des Mille collines". AP

 

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