Repères
chronologiques
La
colonisation du Rwanda (1)
1885
Partage de l'Afrique entre les puissances européennes (conférence
de Berlin).
Attribution du Rwanda (alors sous le règne du roi Mutara II Rwogera)
à l'empire allemand.
1892-94 Entrée des Allemands au Rwanda. Découvertes
des collines rwandaises. Règne du Mwami Kigeli IV Rwabugiri.
1895 Mort du roi Kigeli IV Rwabugiri. Intronisation
de Mibambwe IV Rutalindwa.
1896 Événements de Rucunshu : le Mwami
Mibambwe IV Rutalindwa est tué.
1897 Intronisation du Mwami Yuhi V Musinga. Le roi
confie les relations extérieures du Royaume à l'empire allemand.
1900 Fondation de la première mission catholique
par les Pères blancs à Save. Administration indirecte du
royaume par les Allemands qui ouvrent une résidence.
1907 Le Mwami Musinga refuse de prendre part à
la cérémonie d'ouverture d'une église construite
par les Pères blancs. Nomination de Richard Kandt comme résident
impérial du Rwanda.
1908 Fondation de Kigali.
1910-1911 Tracé des nouvelles frontières
de l'Afrique orientale allemande avec le Congo belge et le Protectorat
britannique de l'Ouganda. Le Rwanda perd ses territoires du Kivu, Bufumbira,
Mdorwa et Mpororo.
1916 Guerre mondiale. Attaque de Shangi par les troupes
belges. Passage du Rwanda sous l'occupation belge.
1919 Le Traité de Versailles donne l'ancienne
Afrique allemande à l'Angleterre et à la Belgique. Le régime
du mandat est appliqué.
1924 La Société des Nations (SDN) donne
un mandat de tutelle à la Belgique.
1926 Les réformes administratives bouleversent
l'équilibre politique de l'administration traditionnelle. Les Hutu
en sont exclus.
1930-32 Radicalisation de la politique d'épuration
et de remodelage des pouvoirs coutumiers, menée par le Gouverneur
Voisin. Déposition par les Belges du Mwami Yuhi V Musinga, opposé
à l'Église. Intronisation de son fils Charles Léon
Pierre Mutara III Rudahigwa, catholique. Début du royaume chrétien
du Rwanda.
1931 INTRODUCTION
DE LA CARTE D'IDENTITE MENTIONNANT L'ETHNIE
1946 Les Nations Unies place le Ruanda-Urundi sous
le statut de la Tutelle belge. L'Église contraint le roi Rudahigwa
à consacrer son pays au " Christ-Roi ".
1954 Grégoire Kayibanda, ancien séminariste,
est nommé rédacteur en chef de Kinyamateka, édité
dès 1933 par les Pères blancs.
1955 Mgr Perraudin, prélat d'origine suisse
est nommé vicaire apostolique de Kabgayi, puis archevêque
de Kigali. Grégoire Kayibanda est son secrétaire particulier.
1957 Le Manifeste des Bahutu est publié avec
l'aide intéressée de l'Eglise catholique. Les Pères
blancs aident et parrainent la " révolution hutu ".
1959 Kayibanda fonde le Parti du mouvement de l'émancipation
des Bahutu (Parmehutu).
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La
première république hutu
1959
25 juillet : Mort suspecte du Mwami Mutara III Rudahigwa à
Bujumbura, après une injection faite par un médecin belge.
28 Juillet : Intronisation de Kigeri V Ndahindurwa, dernier roi
du Rwanda.
Création de plusieurs partis politiques.
Premier massacres de Tutsi faisant 20 000 morts : Massacres de la "
Toussaint rwandaise ".
Début de la " révolution sociale ", lancée,
appuyée et supervisée par l'Eglise, l'armée et l'administration
coloniale. Des dizaines de milliers de Tutsi sont tués, leurs biens
pillés et leurs maisons brûlées. Regroupement d'une
partie des rescapée regroupés dans des camps au sud-est
du pays. Fuite d'une autre partie vers les pays limitrophes. Nomination
du colonel Logiest comme résident spécial.
1961
28 janvier : Coup d'État de Gitarama : Proclamation de
la République par Kayibanda, ex-secrétaire de Mgr Perraudin,
conseillé par Logiest et sous le contrôle de l'administration
belge.
Élections législatives. Victoire du parti Parmehutu de Kayibanda.
Nouvelle flambée de violence antitutsi. Massacre et exode de milliers
de Tutsi.
25 septembre : Référendum. Grégoire Kayibanda
élu président de la République hutu. Arrestation
puis expulsion de Kigeri V par les autorités belges.
La mention de l'ethnie sur la carte d'identité, instituée
par l'administration coloniale, est obligatoire et doit désormais
figurer sur toutes les pièces administratives.
1962
1er juillet : Indépendance de la République rwandaise.
Triomphe d'une " révolution sous tutelle " ou "
assistée ", selon le gouverneur Harroy. Premiers raides de
réfugiés tutsi entraînant des représailles
massives sur la population civile tutsi prise en otage. Les massacres
organisés en présence de l'armée coloniale belge
font plusieurs milliers de morts. L'appartenance ethnique devient un élément
déterminant de la vie sociale : accès à l'emploi,
à l'éducation, aux postes administratifs.
1963
ORCHESTRATION DU " PETIT GENOCIDE "
DE GIKONGORO PAR KAYIBANDA : Plusieurs dizaines de milliers
de victimes, hommes, femmes et enfants. Fuite de 200 000 Tutsi vers l'Ouganda,
le Zaïre et le Burundi. Bertrand Russel déclare qu'il s'agit
" du massacre le plus horrible et le plus systématique depuis
l'extermination des Juifs par les nazis ". Dissimulation du drame
par les autorités rwandaises, par la tutelle belge et par la hiérarchie
catholique. Exécution de membres tutsi du gouvernement.
Consolidation du pouvoir du Parmehutu. Elimination des opposants, instrumentalisation
des pogromes antitutsi. Poursuite de l'exode des Tutsi dans les pays voisins.
Déportation des rescapés des massacres dans les zones inhospitalières
: les marais du Bugesera (Nyamata) pour les Tutsi du Nord et les forêts
de Rukumberi pour ceux du Sud.
1965
Elections de Kayibanda qui revendique 98% des suffrages. Monopolisation
du pouvoir par le Parmehutu, parti tribaliste et sudiste qui fonctionne
comme parti unique sans opposition. L'armée et la police sont réservées
exclusivement aux Hutu, particulièrement à ceux du Sud.
Les Hutu du nord (Gisenyi et Ruhengeri) restent nombreux dans l'armée.
1966 Passage au parti unique
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La
seconde République hutu
1973
Février : Nouvelles vagues de persécutions antitutsi,
animées par des " Comités de salut public " à
l'instigation d'un Père blanc, le Père Naveau. Pogromes
sanglants. Expulsion des Tutsi de l'administration et de l'éducation.
Epuration ethnique des élèves du secondaire et des étudiants
de l'université nationale de Butare.
Juillet : PRISE DU POUVOIR PAR JUVENAL
HABYARIMANA A L'ISSUE D'UN COUP D'ÉTAT MILITAIRE. La
faction nordiste au sein de l'armée accapare le pouvoir. Plus d'une
cinquantaine de membres de l'administration et du gouvernement sont assassinés.
1974 Mort de Kayibanda dans sa prison, des suites
de mauvais traitements et peut-être d'empoisonnement. Quadrillage
du pays par la police et l'armée, transformée en garde prétorienne.
Habyarimana reprend à son compte la politique ethnique de son prédécesseur
excluant les Tutsi de l'armée et des postes de responsabilités.
1975 Signature d'un accord d'assistance militaire
entre le président français Giscard d'Estaing et Habyarimana,
à l'occasion d'un safari mémorable. Fourniture d'une aide
en armement par la France, à hauteur de 4 millions de francs par
an. Création du MRND, le Mouvement Républicain National
pour le Développement. Monopolisation des responsabilités
politiques et économiques par les Hutu ressortissants des préfectures
nordistes de Gisenyi et Ruhengeri.
1976 Nomination de l'archevêque de Kigali,
Mgr. Nsengiyumva, au comité central du MRND.
1978 Adoption d'une nouvelle constitution. Maintien
de l'identification ethnique sur les cartes d'identité. Intégration
de chaque Rwandais, dès sa naissance, au parti unique MRND. Élection
du président Habyarimana avec 99% des voix.
1979 Création de la Rwandese National
Union (Ranu) par des réfugiés Tutsi au Kenya, futur Front
Patriotique Rwandais (FPR).
1980 Octobre : Refoulement à la
frontière par le général Habyarimana de 80 000 réfugiés
tutsi expulsés d'Ouganda par le régime de Milton Obote.
Détresse et décimation des réfugiés, mortalité
effrayante due aux manques de nourriture et de soins.
1981 Engagement de nombreux jeunes réfugiés
tutsi dans les rangs du National Resistance Movement, la rébellion
de Yoweri Museveni en Ouganda.
1982 Introduction de Jean-Christophe Mitterrand,
fils du président, à la cellule franco-africaine de l'Elysée
qu'il dirigera peu après, jusqu'en 1992.
Jean-Christophe Mitterrand entretien des relations avec de nombreux chefs
d'États africains et leurs enfants - dont Jean-Pierre Habyarimana.
1983 Réélection de Juvénal
Habyarimana avec 99,8% des voix.
1986 Museveni prend le pouvoir en Ouganda.
1987 Célébration du 25ème
anniversaire de la République hutu.
La Ranu devient le Rwandese Patriotic Front (FPR).
1988 Décembre : REELECTION
DE HABYARIMANA AVEC 99,98% DES VOIX.
Refus par Habyarimana d'accueillir les réfugiés tutsi.
Naissance et développement d'une opposition démocratique
forte et dynamique. Amplification de la crise : corruption, emprisonnements
arbitraires, sévices. Multiplication des arrestations d'opposants
hutu du Sud.
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L'opposition
au régime Habyarimana
1989-90 Assassinat
de la Députée Nyiramutarambirwa par des agents de la "
Sûreté nationale ". Celle-ci s'était opposée
à la politique des quotas. Assasinats de plusieurs journalistes
par la Sûreté, dont le directeur du journal catholique Kinyamateka.
1990
Rédaction par Erik Orsenna du discours de la Baule pour le président
François Mitterrand (il en dénoncera plus tard la politique
africaine).
L'opposition armée du FPR, issue de la seconde génération
des réfugiés tutsi, appuie l'opposition intérieure
sudiste et démocratique au régime d'Habyarimana.
1er octobre : Première attaque du FPR depuis la frontière
ougandaise. Mort de Fred Rwigema.
OPERATION NOROIT.
4 octobre : Intervention française dans le conflit (opération
Noroît) sur décision du président François
Mitterrand. Envoi sur le front d'une compagnie (150 hommes) du 2ème
Régiment étranger de parachutistes (2ème REP) stationnée
en République Centrafricaine, suivi de l'aide des Belges et les
Zaïrois (Mitterrand ajoute ensuite 450 hommes). Retour accéléré
des 3 000 hommes de la Division Spéciale Présidentielle
du Maréchal Mobutu en raison de leurs excès criminels à
l'encontre des populations.
Nuit du 4 au 5 octobre : Simulation d'une attaque sur Kigali avec
le concours des militaires français (de la Mission d'Assistance
Militaire et de Noroît)
5 octobre : Discours d'Habyarimana à la radio nationale
expliquant que l'ennemi avait attaqué en force la capitale et décrétant
l'état de siège, instauration d'un couvre-feu intégral,
appel à la vigilance délation. Arrestation dans la foulée
de 10 000 Tutsi et d'opposants politiques hutu à Kigali.
8 octobre : MASSACRES PAR REPRESAILLES
DE LA POPULATION CIVILE TUTSI (BAHIMA) DU MUTARA (UN MILLIER DE VICTIMES).
Les tueries sont présentées comme un travail collectif respectable
(umuganda) par les autorités.
11-13 octobre : Massacre de Tutsi dans la commune de Kibilira.
Fin octobre : Appui des troupes françaises repoussant le
FPR en Ouganda. Début de la guérilla.
Retrait de la Belgique du Rwanda après un vif débat au parlement
dénonçant les crimes du régime Habyarimana. Seules
restent les troupes françaises. Suivi très attentif de la
situation militaire au Rwanda par François Mitterrand, même
pendant ses déplacements.
Novembre : Accord par la France d'un prêt de 84 millions
de Francs " pour le développement ", en réalité
pour l'achat d'armements.
Décembre : Accord par la Caisse centrale de Coopération
économique de Paris, d'un autre prêt au Rwanda de 49 millions
de Francs " pour la réalisation de divers projets ".
Diffusion du texte raciste dit des " Dix commandements du Hutu ",
dans la revue Kangura, notoirement soutenue par la belle-famille du président
Habyarimana (l'akazu). Photo de Mitterrand en 4ème de couverture,
avec en légende le dicton : " Les vrais amis, on les rencontre
dans les difficultés ".
1991
Janvier : Implantation du FPR dans la région de Byumba,
Nord-Est du Rwanda et libération de plus de 1 000 prisonniers politiques
de la prison de Ruhengeri, fief d'Habyarimana. Intervention d'un détachement
français.
Affirmation par l'ancien membre des escadrons de la mort Janvier Africa
- dont les témoignages peuvent être amplement recoupés
- d'avoir été formé durant quatre mois, à
partir de février 1991, par les militaires français.
Janvier-février : EXTERMINATION
DE 2 000 TUTSI BAGOGWE en représailles. Organisation
de massacres à caractère génocidaire (extermination
d'hommes, de femmes et d'enfants) à l'instigation du gouvernement
Habyarimana (par le bourgmestre de Kinigi, le préfet de Ruhengeri,
et d'autres autorités). Participation du président Habyarimana
et son épouse aux réunions préparatoires .
29 mars : Accord de cessez-le-feu signé à N'sele
(Zaïre).
Avril : Nomination du général Christian Quesnot comme
chef d'Etat-major particulier du Président Mitterrand. Le général
Jean-Pierre Huchon est son adjoint.
Participation d'officiers français aux interrogatoires " musclés
" de prisonniers FPR .
Conférence de Dar-es-Salam sur le droit au retour des réfugiés.
10 juin : Modification de la constitution, reconnaissance du pluripartisme,
du droit de grève pour les fonctionnaires et de la liberté
de la presse. Apparition de plusieurs partis d'opposition : le Mouvement
Démocratique Républicain (MDR), le Parti Libéral
(PL), le Parti Social-Démocrate (PSD), le Parti Démocrate
Chrétien (PDC).
1992
MANIFESTATIONS POPULAIRES CONTRE LE GOUVERNEMENT.
8 janvier : Manifestation à Kigali (100 000 personnes),
à Gitarama et à Butare.
15 janvier : Seconde grande manifestation de l'opposition à
Kigali.
Le lieutenant-colonel Chollet, détaché par la Mission militaire
de coopération auprès d'Habyarimana, dirige et réorganise
l'armée rwandaise.
Contact de Paul Barril avec les extrémistes hutu de l'akazu.
Mars : Nouveau massacre à Kibilira.
Création de la Coalition pour la défense de la république
(CDR), qui rassemble les ultra hutu et distille ouvertement un racisme
antitutsi agressif.
MASSACRES DES TUTSI DANS LE BUGESERA,
au Sud du Rwanda, après des appels au meurtre par Radio-Rwanda,
dirigée par Ferdinand Nahimana.
Avril : Dismas Nsengaremye dirige un gouvernement de compromis
MRND-opposition (sans le FPR).
Mai : Création d'une milice de tueurs : les Interahamwe
par le MRND présenté comme le " mouvement de jeunesse
du parti ". Certains sont formés par des militaires français.
29 mai, 6 et 7 Juin : Rencontres de Bruxelles. Discussions, à
Bruxelles puis à Paris, entre l'opposition démocratique
et le FPR. Création d'un front commun en faveur des accords de
paix.
8 juillet : Près de 300 000 personnes sont déplacés
en raison des combats dans le nord du pays.
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Les
accords d'Arusha .......
12 Juillet : Signature à Arusha (Tanzanie) d'un accord
de cessez-le-feu, puis à Addis-Abeba (Ethiopie).
Début Août : Mise en place à Arusha des fondations
pour un Etat de droit. Entente entre le gouvernement et le FPR pour l'établissement
d'un gouvernement transitoire pluraliste.
Fin Août : MASSACRES DE TUTSI DANS
LA REGION DE KIBUYE, perpétrés par les milices,
juste après la signature des accords d'Arusha.
" Couverture ", par le Crédit Lyonnais, d'un contrat
égyptien de 6 millions de dollars de fourniture d'armes au Rwanda.
Livraison au Rwanda pour 86 millions de dollars d'armes par an, par la
manufacture d'armes sud-africaine Armscor, entre 1990 et 1993.
Octobre : Dénonciation, par le sénateur belge Kuypers,
du rôle des " escadrons de la mort " (les " Réseaux
zéro ") et de la politique raciste du régime Habyarimana.
Novembre : Discours du président Habyarimana aux militants
du MRND dénonçant le " chiffon de papier " des
premiers accords d'Arusha. Léon Mugesera, membre du bureau politique
du MRND, prône la liquidation des Tutsi.
Décembre : Pogromes de Tutsi et d'opposants hutu à
Kibilira et dans la région de Gisenyi, région natale du
président Habyarimana.
1993
Janvier : SIGNATURE DU PROTOCOLE DES
ACCORDS D'ARUSHA sur le maintien de l'état de droit,
la fin des massacres, la constitution d'un gouvernement de transition
à base élargie incluant le FPR.
8 février : Nouvelle offensive du FPR pour faire cesser
les massacres et mettre en uvre les accords. Arrêt de l'offensive
devant Kigali grâce à l'appui français. Envoi par
la France de deux compagnies additionnelles au Rwanda.
20-22 février : Violences commises par les milices interahamwe
et CDR à Kigali. Massacre de Tutsi et d'opposants hutu dans les
préfectures de Gisenyi, Ruhengeri, Kibuye et Byumba.
Février : Engagement du Capitaine Paul Barril par le ministre
rwandais de la Défense, en vue d'une mission (nom de code : "
opération insecticide "). Interrogé par un officier
militaire français de haut rang, François Mitterrand répond
que Barril n'a reçu aucun ordre de lui.
Mars : Enquête internationale sur les massacres. Affirmation
par l'un des membres de cette commission, Jean Carbonare, d'avoir vu des
instructeurs français dans le camp de Bigogwe, où "
l'on amenait des civils par camions entiers. Ils étaient torturés
et tués ". Dénonciation par la commission des pratiques
de génocide au Rwanda et de la responsabilité au plus haut
niveau des autorités rwandaises dans ces massacres.
25 février - 2 mars : Rencontres de Bujumbura, entre le
FPR et l'opposition.
28 février : VISITE DU MINISTRE DE LA
COOPERATION MARCEL DEBARGE A KIGALI. Appel à un "
front commun " contre le FPR. Cette déclaration officielle
d'un ministre français sera suivi de l'Organisation par Habyarimana
d'une réunion entre le MRND, la CDR et les extrémistes antitutsi
des autres partis : MDR, PSD, PL et PDC, approuvant la présence
française et appelant la population à " la défense
civile du pays ". Création de la mouvance Hutu Power à
la suite de cette réunion.
Mars : Conclusion d'un nouvel accord de cessez-le-feu à
Dar-es-Salaam entre le gouvernement rwandais et le FPR, prévoyant
le reprise des pourparlers d'Arsusha et le départ des troupes étrangères
(françaises). Adoption de la résolution 852 du Conseil de
Sécurité de l'ONU, visant à mettre en place une force
internationale d'interposition. Début du retrait des troupes françaises.
Retour du FPR sur ses positions d'avant février 1993.
Avril : Nomination du Général Huchon, adjoint au
chef d'état-major particulier du Président Mitterrand, ancien
commandant du 1er Régiment parachutiste d'infanterie de marine
(1er RPIMa), à la tête de la Mission militaire de coopération.
Il succède au général jean Varret, " démissionné
" pour avoir manifesté son désaccord sur la politique
conduite par la France au Rwanda.
Mai : Conclusion de nouveaux accords à Arusha, prévoyant
la constitution d'une armée nationale unifiée.
Juin : Mise en place du gouvernement de transition.
17 juillet : Agathe Uwilingiyimana issu du parti MDR est nommée
Premier ministre
4 Août : SIGNATURE DES ACCORDS D'ARUSHA
dont les trois composantes sont :
(1) la mise en place d'un État de droit sous la responsabilité
d'un gouvernement de transition à base élargie ;
(2) le retour des réfugiés rwandais ;
(3) la constitution d'une armée nationale de transition intégrant
les FAR et l'APR
Début des émissions racistes et incendiaires de la Radio
Télévision Libre des Mille Collines (RTLM), avec à
sa tête Seraphin Rwabukumba, beau-frère du Président
Habyarimana, membre des réseaux Zéro et Ferdinand Nahimana.
Décembre : Retrait des troupes françaises. Mise en
place de la Mission des Nations Unies pour l'Assistance au Rwanda (MINUAR),
dirigée par le brigadier-général Roméo Dallaire.
Octobre : Massacre de Tutsi au Burundi à la suite de l'assassinat
, le 21 octobre, du président Melchior Ndadaye. Représailles
de l'armée. Fuite des responsables des massacres au Rwanda.
Novembre : Le bataillon belge compte 450 hommes au lieu des 800
attendus.
27 décembre : La MINUAR compte 1260 militaires.
28 décembre : Arrivée triomphale à Kigali
des 600 militaires du 3ème bataillon d'élite du FPR, choisis
pour représenter ce parti dans la capitale, sous le commandement
du Colonel Charles Kayonga. Ils accompagnent les représentants
du FPR au gouvernement et seront cantonnés au parlement (CND).
Retour
Le
génocide des Tutsi
1994
21 janvier : Interception par la MINUAR à Kigali d'un avion
cargo qui avait chargé à Châteauroux (France) des
munitions pour les FAR.
Blocage des accords d'Arusha : refus de la faction présidentielle
Hutu Power de mettre en place un gouvernement de transition élargi
au FPR.
23 Février : Assassinat du leader du PSD Félicien
Gatabazi. Lapidation de Martin Bucyana, le dirigeant de la CDR en représailles.
Les violences font plusieurs dizaines de morts. Report sine die de l'installation
des institutions de transition.
Onze militaires français du Département d'Assistance Militaire
à l'Instruction (DAMI), en civil, sont identifiés à
Kigali. Ils avaient officiellement quitté le Rwanda depuis décembre
1993.
Présence à Kigali du capitaine Paul Barril, prestataire
de services spéciaux auprès du régime rwandais.
Mars : Arrivée des 800 militaires du contingent ghanéen
de la MINUAR qui compte alors 2508 hommes provenant de 22 pays.
29 mars : Tenue à Kigali d'une réunion présidée
par le chef d'état-major des Forces Armées Rwandaises (FAR)
pour préparer et organiser, sous la responsabilité de l'armée,
l'élimination des " infiltrés " (les Tutsi) et
des " traîtres " hutu.
4 avril : Lors d'une réception à la MINUAR, le Colonel
Bagosora déclare que les accords d'Arusha " n'offrent aucune
garantie " et parle d'exterminer tous les Tutsi .
6 avril, 20H 30 : DESTRUCTION DE L'AVION
TRANSPORTANT JUVENAL HABYARIMANA ET LE PRESIDENT DU BURUNDI CYPRIEN NTARAMIRA.
En moins d'une d'heure, avant même que la nouvelle soit annoncée
à la radio, installation de barrages aux grands carrefours de Kigali.
Les rues de la capitale s'encombrent de cadavres. La Garde Présidentielle
interdit à la MINUAR de se rendre sur les lieux de l'attentat.
Le commandant français de Saint-Quentin y a accès. Le Colonel
Bagosora, omniprésent, lance et supervise les tueries.
7 avril : Assassinat par la Garde Présidentielle du Premier
ministre Agathe Uwilingiyimana, des dix casques bleus belges qui assuraient
sa protection, ainsi que de plusieurs ministres et de responsables hutu
démocrates.
Présence de Paul Barril à Kigali pendant le génocide,
où il réside à l'ambassade de France.
Début du massacre systématique des Rwandais tutsi, de ceux
qui les protègent et des partisans d'une politique de conciliation
nationale.
8 avril : Extension du génocide hors de Kigali : massacres
dans les paroisses de Zaza (10 et 12 avril), Kanzenze (11 avril) Kabarondo
(13 avril), Nyarubuye (14 avril), Kibungo (15 avril),
OPERATION AMARYLLIS
9 avril : Envoi de troupes à Kigali par la France (opération
Amaryllis) et la Belgique (opération Silverback) pour l'évacuation
des expatriés et des Occidentaux. Les soldats belges, contrairement
aux Français, évacuent quelques Tutsi.
Evacuation sur Paris d'Agathe Habyarimana, épouse du président,
co-fondatrice de la RTLM et co-inspiratrice des " réseaux
Zéro ", dont la famille est au cur du dispositif génocidaire
et prise en charge de celle-ci et de sa suite par le gouvernement français.
Hébergement à Paris de ses frères Séraphin
Rwabukumba et Protais Zigiranyirazo, ainsi que de l'idéologue Ferdinand
Nahimana, personnages centraux du Hutu Power.
Remise à Paris par le Ministère de la Coopération
sur ordre de Mitterrand, d'une somme de 20 000 F à Agathe Habyarimana,
pour ses frais personnels.
Evacuation par la France de l'orphelinat Sainte-Agathe, permettant l'exfiltration
de 34 " accompagnateurs ", notamment des responsables des massacres.
Destruction précipitée à l'Ambassade de France de
toutes les archives sur ordre de l'ambassadeur, Jean-Michel Marlaud. Accueil
à l'ambassade du personnel politique de l'ancien régime.
Les Tutsi menacés d'extermination sont abandonnés à
leur sort, y compris le personnel de l'ambassade et des services culturels
français.
Constitution du GIR (Gouvernement Intérimaire Rwandais) à
l'ambassade de France et au Ministère de la Défense, sous
la houlette de l'ambassadeur Marlaud et du Colonel Bagosora.
12 avril : Offensive à Kigali des forces du FPR.
16 avril : FIN DE L'OPERATION AMARYLLIS.
PERPETRATION DU GENOCIDE dans la nuit rwandaise, à travers
tout le pays.
19 avril : Diffusion par Radio-Rwanda, d'un discours du président
du GIR, Théodor Sindikubwabo, en voyage au Butare, invitant la
population du Butare à se " mettre au travail ". Début
des massacres à Butare.
21 avril : Vote de la France au Conseil de Sécurité
de l'ONU pour la réduction du nombre de Casques bleus de la MINUAR
(qui passe de 2700 à 450).
21-25 avril : Massacres à l'hôtel Ibis et à
l'hôpital de Butare.
Fin avril : Opposition de Jean-Bernard Mérimée, représentant
de la France au Conseil de Sécurité de l'ONU, à la
qualification de " génocide " pour les massacres perpétrés
contre les Tutsi.
Accueil du Ministre des Affaires Etrangères du gouvernement génocidaire,
Jérôme Bicumumpaka et du représentant de la CDR, Jean-Bosco
Barayagwiza à l'Élysée et à Matignon.
27-28 avril : Rencontre à Gbadolite (Zaïre) entre Mobutu
et Jacques Foccart, accompagné de Michel Aurillac, ancien ministre
de la Coopération de Chirac (1986-1988), et de l'avocat Robert
Bourgi. Présence de Herman Cohen, ancien sous-secrétaire
d'État pour les Affaires africaines sous le président Bush
(francophone et marié à une française, ami de Jacques
Foccart, Herman Cohen est un partisan actif du président Mobutu
à Washington).
1er mai : Déroute des FAR qui entraînent dans leur
fuite des centaines de millier de civils.
Entretiens à la Mission militaire du ministère de la Coopération
(rue Monsieur à Paris) de l'adjoint du chef d'état-major
des FAR avec le général Jean-Pierre Huchon. Fourniture par
celui-ci d'un matériel de communication cryptée pour maintenir
le contact entre les FAR et Paris. Promesse d'une aide militaire. Le général
Huchon prodigue des conseils pour " retourner l'opinion " en
faveur du camp génocidaire.
17 mai : Vote, par le Conseil de Sécurité de l'ONU,
du déploiement de 5500 casques bleus et d'un embargo sur les armes
au Rwanda. Le représentant de la France, Jean-Bernard Mérimée,
s'était efforcé d'empêcher cet embargo en soutenant
la position du représentant du GIR.
Annonce au GIR, par un message du deuxième secrétaire de
l'ambassade du Rwanda au Caire, de la livraison de 35 tonnes d'armes (munitions
et grenades) pour un montant de 765 000 dollars. Ce document mentionne
une transaction faite à Paris.
22 mai : prise de l'aéroport de Kigali par le FPR.
Avril-juin : Ravitaillement des FAR en armes et munitions par des
avions Boeing 707 atterrissant à Goma au Zaïre. Livraisons
payées par la France selon les sources sur place.
Fin mai : Réunion à huis clos à Paris des
ambassadeurs des pays d'Afrique francophone " amis de la France ",
incitant les dirigeants français à s'opposer à la
" déstabilisation " du Rwanda par le FPR.
Juin : Payement à Paul Barril de 1 200 000 dollars pour
un contrat de " service et assistance " signé avec le
gouvernement Habyarimana, selon un document publié par la Mission
parlementaire sur le Rwanda.
Retour
L'opération
Turquoise
RECUL DES FAR DEVANT LE FPR.
11 juin : Alain Juppé, ministre des Affaires étrangère,
déclare que la communauté internationale devra prendre de
nouvelles initiatives si les combats et les exactions se poursuivent au
Rwanda.
16 juin : Alain Juppé parle de " génocide "
et annonce l'imminente intervention militaire française, l'opération
Turquoise. Le projet de François Mitterrand d'envoi de parachutistes
français sur Kigali est empêché par Balladur et les
membres plus prudents de l'exécutif de cohabitation .
22 juin : Autorisation par le Conseil de Sécurité
d'une intervention humanitaire, sur proposition de la France.
Condamnation de l'intervention française par le FPR et les partis
de l'opposition démocratiques, notamment par le Premier ministre
désigné par les accords d'Arusha, Faustin Twagiramungu.
13 juin : Prise du Gitarama par le FPR. Installation du gouvernement
génocidaire à Gisenyi, à la frontière zaïroise.
23 juin : Entrée officielle des forces françaises
au Rwanda par Cyangugu : " c'est là que nous trouverons (
)
tous les Tutsi vivants dont nous avons besoin pour la télé
" (argumente Gérard Prunier, conseiller de l'opération).
27 juin : Paul Barril affirme sur France 2 que l'attentat contre
Habyarimana serait l'uvre du FPR avec la complicité de militaires
belges dont il a reconnu l'accent sur des interceptions radiophoniques.
28 juin : Publication du rapport des Nations Unies (rapporteur
: René Degni-Segui) établissant la réalité
du génocide des Tutsi.
4 juillet : Refoulement des FAR de Kigali et de Butare.
Création par Turquoise d'une " Zone Humanitaire Sûre
" (ZHS) au Sud-ouest, zone où se réfugient les responsables
du génocide (dont les animateurs de la RTLM) et les populations
qu'ils contrôlent. Continuation du massacre des Tutsi survivants
dans la " Zone humanitaire sûre ".
14 juillet : Prise de Ruhengeri, principale ville au Nord du Rwanda,
par le FPR.
Les FAR en déroute fuient au Zaïre grâce à un
couloir ouvert par l'opération Turquoise.
Afflux de deux millions de Hutu au Kivu (Zaïre). Début de
l'épidémie de choléra parmi les populations conduites
à Goma au Zaïre dans une région endémique pour
cette maladie.
17 juillet : PRISE DE GISENYI PAR LE FPR
QUI DECLARE LA FIN DE LA GUERRE. Le Rwanda est presque entièrement
libéré, à l'exception de la ZHS contrôlée
par les Français.
Formation d'un gouvernement d'union nationale à Kigali, comprenant
des membres du FPR et des survivants l'opposition démocratique.
Durant l'opération Turquoise, aucune interpellation des responsables
(préfets, sous-préfets, bourgmestres et chefs miliciens)
ayant localement organisé les massacres n'a été faite
par les militaires français (l'ONU avait pourtant établi
la qualification de génocide). Le chef des FAR, le général
Augustin Bizimungu, est vu à Goma dans un véhicule de l'armée
française. Des officiers français de Turquoise dissuadent
les officiers des FAR désireux de rallier le gouvernement d'union
nationale à Kigali.
8 août : Nouveau déplacement de Foccart à Gbadolite,
au Zaïre, où il rencontre le président Mobutu, pour
le réconcilier avec son Premier ministre Kengo wa Dongo, dont la
mère est une Tutsi rwandaise.
21 août : Fin de l'opération Turquoise.
REORGANISATION DES FAR qui ont rejoint
le Zaïre et bénéficient de l'aide de Mobutu. Présence
d'environ 500 militaires français au Zaïre jusqu'à
la fin septembre.
Au Rwanda, le fichage ethnique est supprimé sur les cartes d'identité
et dans tous les fichiers.
Retour
La
guerre de basse intensité contre le Rwanda
Utilisation des camps d'exilés hutu à la frontière
du Rwanda comme base armée des ex-FAR et camps d'entraînement.
Contrôle des camps par les anciens militaires et miliciens rwandais,
ainsi que par les anciens responsables politiques. Ceux-ci empêchent
le rapatriement des exilés hutu, estimés à près
de deux millions. Dans les camps de nombreux intellectuels impliqués
dans le génocide (instituteurs, médecins, journalistes,
cadres d'ONG locales) sont employés par les agences humanitaires.
Octobre : Mathieu Ngirumpaste, président du MRND et responsable
des miliciens interahamwe, annonce à l'AFP son retour d'un voyage
en France.
Novembre : Jérôme Bicumumpaka, " ministre des
Affaires étrangères " du GIR en exil au Zaïre,
déclare avoir été de nouveau officiellement reçu
en France.
" Herman Cohen qui [en 1995] conserve une influence dans les Affaires
africaines à Washington, s'engage personnellement (
) à
obtenir à la position française le soutien des Etats-Unis
" (G. Prunier).
8 et 9 novembre : Sommet franco-africain de Biarritz. Refus de
François Mitterrand d'inviter le Rwanda. Déclaration de
son conseiller spécial pour l'Afrique, Bruno Delaye : " Nous
n'invitons pas les nouvelles autorités rwandaises (
) elles
sont trop controversées, sans compter qu'elles vont s'effondrer
d'une minute à l'autre " (G.Prunier).
9 novembre : Création du Tribunal international pour le
Rwanda (TPIR) par le Conseil de Sécurité de l'ONU.
21 novembre : Déclaration du secrétaire-général
de l'ONU, Boutros Boutros-Ghali : " il y a des raisons de croire
que ces éléments [les ex-FAR] préparent une invasion
armée du Rwanda ".
23 septembre : Manchette de Libération sur le " rapport
Gersony ", accusant le FPR d'avoir massacré 30 000 civils
dans la région de Byumba, au moment où une opération
de rapatriement massif des réfugiés est envisagée
par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR). Report immédiat
de l'opération .
25 novembre : Face à l'indignation croissante, Paris, qui
bloquait l'aide financière au nouveau régime de Kigali,
accepte que l'Union Européenne accorde un premier soutien au Rwanda
de 67 millions d'Ecus.
Décembre : Rapport de la commission d'enquête de l'ONU
constituée le 1er août, concluant que " des actes de
génocide ont été commis à l'encontre du groupe
tutsi par des éléments hutu agissant de manière planifiée,
systématique et méthodique ".
1995
Janvier : Intégration dans les rangs des anciennes Forces
armées rwandaises (ex-FAR) de milliers d'anciens miliciens interahamwe
et recrutement massif des jeunes dans les camps. Lancement du parti RDR
(Rassemblement pour le Retour des Réfugiés et la Démocratie
au Rwanda) dans le camp de Mugunga, présidé par l'ancien
ministre du Commerce François Nsabahimana et encadré par
des personnalités proches du Hutu Power, rassemblant les cadres
militaires des ex-FAR, dont les généraux Bizimungu et Kabiligi.
Le RDR permet à, d'ajouter une pression politique à une
pression militaires de plus en plus forte.
18 janvier : Conférence internationale à Genève
sur la reconstruction du Rwanda.
Multiples attaques des ex-FAR à l'Ouest du pays à partir
de leur base située dans l'île d'Iawawa sur le lac Kivu.
Octobre : Découverte sur l'île d'Iawawa, lors du débarquement
de l'armée patriotique rwandaise (APR) grâce aux embarcations
fournies par le Canada, d'un matériel de propagande identique à
la presse du génocide et notamment des tracts demandant aux Hutu
de " terminer le travail ". Mort de 300 ex-FAR pendant cette
opération.
16 avril : DRAME DE KIBEHO,
dernier camp de déplacés hutu au Rwanda, renfermant de nombreux
miliciens et responsables du génocide. A l'annonce de la fermeture
du camp, la foule des déplacés est poussée en avant
par les miliciens. Panique des jeunes soldats de l'armée patriotique
rwandaise qui tirent dans la foule.
19 mai : La Commission internationale d'enquête chiffre à
1800 le nombre de morts, la majorité par piétinement, d'autres
tués à la machette par les miliciens du camp. Kibeho deviendra
emblématique de la désinformation concernant l'APR.
27 juin : Installation à la Haye du Tribunal pénal
international (TPI) devant juger les instigateurs du génocide.
28 août : Démission du Premier ministre Faustin Twagiramungu
et de quatre autres ministres, dont Seth Sendashonga, ministre de l'Intérieur.
Nomination du Premier ministre Pierre-Célestin Rwigema.
5 novembre : Tenue du Colloque international de Kigali sur le génocide
et l'impunité, qui souligne la responsabilité de la France
et lui demande de contribuer à l'indemnisation des victimes.
Retour
La
guerre du Kivu et le retour des exilés hutu
1996
Massacre des Tutsi du Masisi dans le Nord-Kivu par les ex-FAR et les
miliciens, à partir des camps d'exilés hutu. Participation
de l'armée zaïroise aux massacres et aux pillages.
27 février : Annonce d'une nouvelle tentative de rapatriement
des exilés hutu par le HCR. Manchette de Libération : "
Rwanda. Enquête sur la terreur tutsi. Plus de 100 000 Hutu aurait
été tués par le FPR ". " cette information
qui suscita la surprise dans tous les milieux diplomatiques et onusien
de Kigali, fut largement relayée par l'ensemble de la presse francophone
en Europe et en Afrique " (C. Breackman). Nouvel arrêt du rapatriement.
Juillet-août : Extension de la " chasse aux Tutsi "
au Sud-Kivu. Les Banyamulenge (Tutsi zaïrois du Sud-Kivu) organisent
de leur autodéfense avec l'aide du Rwanda.
24 avril : En dehors de tout agenda officiel, Jacques Chirac rencontre
Mobutu à l'Elysée. Jacques Foccart le rencontre également.
Déclaration du porte-parole de Mobutu au retour à Kinshasa
: " Le parlement est prêt pour donner son accord à une
déclaration de guerre au Rwanda ".
19 juillet : Visite du ministre de la Coopération Jacques
Godfrain au Zaïre. Annonce de la reprise de la coopération
franco-zaïroise.
14 septembre : REBELLION DES BANYAMULENGE
mettant l'armée zaïroise en déroute. Prise de la ville
de Fizi, au sud d'Uvira.
18 octobre : Création de l'Alliance des forces démocratiques
pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL). Kabila est placé
à la tête du mouvement.
20 octobre : Démantèlement des camps hutu de la région
d'Uvira par la rébellion. Fuite de 20 000 exilés.
Défaites successives de l'armée zaïroise, des ex-FAR
et des Interahamwe.
30 octobre : Prise de Bukavu, démantèlement des camps
de la région de Goma.
Rencontre de Charles Pasqua et Mobutu à Lausanne, ainsi que des
responsables foccartiens de la cellule Afrique de l'Elysée.
4 novembre : Proposition par la France d'une intervention militaro-humanitaire
internationale. Titre du Monde : " Zaïre : il faut y aller ".
Dépôt par la France d'un projet d'intervention à l'ONU.
15 novembre : Retour au Rwanda de 800 000 Hutu. Fuite dans la forêt
zaïroise de 200 000 exilés, parmi les plus impliqués
dans le génocide (notamment les familles des militaires et des
miliciens) où ils sont pourchassés et victimes des représailles
de l'AFDL et de l'APR. Massacre de plusieurs milliers de civils hutu.
8 décembre : Renonciation à l'intervention internationale.
17 décembre : Retour du Maréchal Mobutu au Zaïre,
organisé par les " Services " et la diplomatie française.
1997
Multiplication des interventions du ministre français des affaires
Etrangères, Hervé de Charrette, sur la scène internationale,
pour mettre en place une nouvelle " opération humanitaire
". Proposition d'organisation de la part de l'armée française.
Les journaux Le Monde et Libération travaillent l'opinion dans
ce but.
7 mars : Demande d'une nouvelle réunion d'urgence par l'Elysée
qui n'y gagnera qu'un spectaculaire camouflet diplomatique.
Constitution d'une base armée au camp d'exilés hutu de Tingi-Tingi
au Zaïre. Utilisation des avions de l'aide humanitaire pour acheminer
des munitions.
2 mars : Prise de Kindu et Tingi-Tingi par l'AFDL.
Soutien de " spécialistes " français aux combats
de la Division spéciale présidentielle de Mobutu, épaulés
de " vrai-faux " mercenaires recrutés notamment par l'émissaire
pasquaïen Jean-Charles Marchiani. Recrutement en nombre de militaires
serbes et bosno-serbes impliqués dans les crimes de guerre en ex-Yougoslavie
15 mars : Prise de Kisangani par l'AFDL.
17 mars : MORT DE JACQUES FOCCART .
Présence au Kivu d'éléments du 13ème Régiment
de Dragons Parachutistes (13ème RDP) et des CRAP (commandos de
recherche et d'action en profondeur), soit 500 hommes venus de Bangui
pour prêter main forte aux Forces armées zaïroises (certains
déguisés en mercenaires). Ils ne pourront empêcher
leur déroute.
Transit de l'armement pour Mobutu (deux gros porteurs Antonov 124 en provenance
de Biélorussie) par Marseille, où la douane française
ferme les yeux.
9 avril : Prise de Lubumbashi par l'AFDL.
16 mai : Fuite précipitée du maréchal Mobutu.
17 mai : Prise de Kinshasa.
Déroute des mercenaires qui parviennent à s'enfuir. Evacuation
des officiers zaïrois de haut rang, des autorités civiles
et de certains mercenaires par un Transall français.
18 Juillet : Arrestation par le TPIR à Nairobi de sept anciens
dignitaires hutu, parmi lesquels Jean Kambanda, Premier ministre du GIR,
Hassan Ngeze rédacteur en chef de Kangura, le colonel Kabiligi,
et George Ruggiu, animateur belge de la RTLM.
Août-septembre : Massacres au Rwanda de rescapés du
génocide à Mutara, Rugerero, Giciye, Nkuli (en préfecture
de Gisenyi et Ruhengeri). Infiltrations massives d'ex-FAR et de miliciens
pour de la reconquête du Rwanda. Déstabilisation de tout
le Nord-Ouest.
Massacres de Tutsi congolais, hommes, femmes et enfants, réfugiés
au Rwanda dans le camps de Mudende.
7 septembre : Mort du maréchal Mobutu au Maroc.
10 octobre : Affrontement au Rwanda entre l'APR et des groupes
importants d'ex-Far et de miliciens infiltrés.
11 Décembre : Second grand massacre de réfugiés
Tutsi congolais à Mudende, un millier de tués (1643 selon
les rescapés) avec les méthodes et l'idéologie du
génocide. Les 15 000 réfugiés sont déplacés
vers Byumba.
Déclaration du secrétaire général de l'ONU,
Kofi Anan : " Ces atrocités s'inscrivent dans la continuation
du génocide de 1994 ".
Retour
Le
ralliement de Kabila à la Françafrique
Janvier : LES RESPONSABILITES FRANÇAISES
DANS LE GENOCIDE DENONCEES EN FRANCE. Révélation
dans Le Figaro par Patrick de Saint Exupéry, de la complicité
des autorités françaises. L'International Herald Tribune
intitule un article : " La France au Rwanda : Le syndrome de Vichy
du silence coupable ". La presse et les autres médias suivent
progressivement.
1998
Février-mai : Massacres de rescapés du génocide
et de hutu " traîtres " au Nord-ouest du Rwanda. Trie
ethnique dans les bus et tueries sélectives d'écoliers Tutsi.
Ces massacres font en 10 mois plus de 2 000 morts au total. Répression
et représailles de l'APR contre les Interahamwe et la population
civile soupçonnée de complicité. Condamnation à
5 ans de prison ferme pour six officiers de l'APR reconnus coupable de
représailles disproportionnées lors d'une attaque d'infiltrés
en mars 1997.
3 mars : Création en France de la Mission d'information
sur le Rwanda, présidée par Paul Quilès, pour contrôler
le scandale. La volonté " d'absoudre la France " est
affichée dès le départ.
24 avril : Premières (et jusqu'à présent uniques)
exécutions capitales au Rwanda pour crime de génocide.
Mai-août : Massacre de réfugiés tutsi de 1959
dans le camp de Kinihira. Les ex-FAR et les miliciens infiltrés
au Rwanda seront finalement rejetés par la population du Nord-Ouest,
presque exclusivement hutu. Les prisonniers libérés par
les infiltrés regagnent leur prison. Pacification progressive du
Rwanda.
Multiplication des dissensions entre Katangais et rwandophones au sein
de l'état-major de Kabila. Consommation du divorce quand les Katangais
escortent des colonnes d'Interahamwe vers le Rwanda pour relancer la guerre
civile. Recrutement de 10 000 ex-FAR et miliciens interahamwe par Kabila.
Ils sont entraînés dans la base militaire de Kamina au Katanga.
Echec d'un putsch fomenté par le Rwanda et l'Ouganda pour éliminer
Kabila.
Juillet : La France fait obstruction à la Cours criminelle
internationale (CCI). Le ministère de la Défense fait valoir
qu'une telle institution " pourrait limiter la marge de manuvre
de nos militaires et mettre en cause des officiers français pour
leur rôle en Bosnie et au Rwanda " .
Août : Manipulation des passions xénophobes et racistes
antitutsi de la population zaïroise par les autorités. Appels
radiodiffusés de Kabila aux pogromes antitutsi. Abdoulaye Yerodia,
Conseiller de Kabila et psychanalyste lacanien, incite les habitants de
Kinshasa à " éradiquer la vermine ". Déclenchement
de la chasse aux faciès dans tout le Congo-Kinshasa. Massacre de
plus d'un millier de Tutsi et de personnes ressemblant au stéréotype
" tutsi ".
Soutien à Kabila de l'Angola et de son vieil ami le leader Zimbabwéen
Robert Mugabe. Création d'un front anti-Museveni. Esquisse de la
stratégie du chaos. Elf et Total Financent les deux parties de
la guerre civile angolaise. Voyage de Kabila à Khartoum pour ressusciter
l'axe zaïro-soudanais. Le Soudan Envoi 2 000 soldats pour continuer
leur djihad contre l'Ouganda. La guerre se transforme en un conflit régional
complexe gigantesque faisant intervenir au moins huit armées nationales
prédatrices et 20 milices dont le Hutu Power. Les Wardlors exigent
leur part de butin.
4 septembre : Premier jugement du tribunal pénal international
(TPIR) : condamnation à perpétuité de Jean Kambanda,
Premier ministre du Gouvernement intérimaire (GIR).
Laurent-Désiré Kabila, qui représentait l'humiliation
et la défaite de la Françafrique, remplace désormais
pour Paris l'allié Mobutu, dont il mime le comportement prédateur
et les dérives criminelles : pillage du pays, refus de la démocratie,
népotisme, utilisation de la haine ethnique comme instrument politique.
Les alliés traditionnels de l'Elysée soutiennent Kabila
: le Soudan, le Hutu Power, l'Angola, le Tchad, ainsi que la Libye, récemment
ralliée à la Françafrique. La Libye fournit des armes
avec l'assistance technique de l'armée française.
Septembre : Envoi par le dictateur tchadien Idriss Déby
d'un renfort de 2 000 soldats à Kabila, aussitôt après
la visite au Tchad du ministre français de la Coopération
Charles Josselin.
Novembre : Déclaration de Kabila à la presse : "
Les Tutsi sont traditionnellement sanguinaires (
) Ils ont amené
1 500 soldats séropositifs pour violer les femmes congolaises "
(Figaro 30/11/98).
18 novembre : Rapport de l'ONU (S/1998/1096) qui révèle
qu'entre 25 000 et 30 000 ex-FAR et miliciens interahamwe sont toujours
financés et massivement enrôlés dans les guerres qui
déchirent l'Afrique (par Kabila dans l'ex-Zaïre, par Sassou
Ngesso au Congo Brazza, par la Junte islamiste au Soudan).
15 décembre : DEPOT DU RAPPORT DE LA MISSION D'INFORMATION SUR
LE RWANDA. Paul Quilès convoque les médias audiovisuels
juste avant le journal de 20H pour expliquer que " la France n'était
nullement impliquée ". Il se félicite que le rapport
" rejette les accusations inacceptables " suscitées par
l'étranger et l'anti-France.
Paul Barril n'a pas été entendu par la Mission.
1999
Janvier : Déclaration du Zimbabwe : " son intervention
militaire en République démocratique du Congo est financée
par la France l'Angola et la Libye " (BBC News, 7/1/99)
Octobre : voyage de Charles Josselin à Kinshasa pour célébrer
" des retrouvailles qui n'ont que trop tardé ".
Création d'un climat de génocide par les Interahamwe aux
ordres de Kabila. Au nord-est de l'ex-Zaïre, massacre à la
machette de plusieurs milliers de voisins Hema (population d'éleveurs
considérée comme " cousine des Tutsi ") par des
groupes de miliciens Lendu.
Instruction des soldats de Kabila par des anciens légionnaires
du 2ème Régiment Etranger de Parachutistes (2ème
REP).
Début décembre : Le général Jeannou
Lacaze, ancien directeur du SDECE, ancien conseiller militaire de Mobutu,
se met au service de Kabila.
(...)
Notes:
1/ Cette partie a été
complétée pour la réédition (2004) avec
la chronologie donnée par Valens Kajeguhakwa dans son livre :
Rwanda. De la terre de paix à la terre de sang, et après
?, Remi Perrin, 2001, pages 349-350.
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