Avant-projet proposé à la discussion collective de ceux qui veulent réparer les conséquences de la complicité de génocide de la France au Rwanda


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Réparations pour les victimes du génocide

 

Des citoyens se mobilisent pour obtenir de l’État français la reconnaissance de ses responsabilités dans le génocide des Tutsi au Rwanda (avril mai juin 1994) par son implication depuis 1990 au Rwanda et son action de connivence et de soutien avec les génocidaire avant, pendant et après le génocide. 

Il faut AIDER, SOIGNER et SOUTENIR les RESCAPÉS du GENOCIDE

 

En avril 1994 et pendant trois mois, plus d’un million de personne ont été tuées au Rwanda parce qu’ils n’appartenaient pas à la bonne « race ». Dans ce minuscule État africain, culturellement et linguistiquement homogène, les Tutsi, repérés par le fichage ethnique officiel (cartes d’identités) ou au faciès (selon les stéréotypes répandus) ont été systématiquement tués, des vieillards aux nourrissons. Le viol et la torture avant la mise a mort ont également été systématisés. C’est un génocide au sens premier du terme selon des critères qui s’appliquent à l’extermination des Arméniens et des Juifs. Trois constats essentiels peuvent être faits : 1) ces massacres de masses ont été organisés, planifiés et réalisés par des dirigeants corrompus dans le cadre d’une stratégie de maintien au pouvoir. 2) Ils ont été réalisé dans un petit État centralisé et bureaucratique, où les militaires et les fonctionnaires ont joué un rôle essentiel d’initiateurs et de coordinateurs. 3) alors que ces tueries auraient parfaitement pu être faites par les seuls militaires, l’horreur suprême a été atteinte par la mise en œuvre voulue et recherchée d’une extermination à l’arme blanche impliquant le plus de gens possible. Outre les milices, formées dans ce but, les paysans hutu ont été encadrés et mobilisés par les autorités locales pour « travailler » (terme devenue synonyme de tuer) avec les mots d’ordre du travail communautaire habituel de « défrichage ». Lorsque des milliers de familles Tutsi étaient rassemblés dans les église, les écoles et les stades, les militaires commençaient l’extermination à la grenade et aux mortiers, mais la population était conviée à « finir le travail » à la machette et à la houe. Les biens des familles massacrées étaient ensuite répartis par les autorités [1] .

 

Une complicité avérée

 

La question de la complicité française dans une telle horreur, lorsqu’elle est encore très exceptionnellement posée, reste dans le flou. La suspicion de « gauchisme » envers qui profère de telles accusations est très forte. Elle est d’ailleurs une des composantes de ce flou. Ensuite, qui peut y croire ? C’est presque une question de bon sens : Comment des dirigeants honorables et respectés auraient-ils pu s’engager dans une telle abomination, après la Shoah, après le « plus jamais ça » unanime des Nations ? Et par conséquence, engager « la France » avec eux ! Mais les faits sont là, même s’ils sont difficilement audibles. Les dirigeants français ont reçu à l’Élysée et à Matignon les représentants de l’État génocidaire rwandais, le 27 avril 1994, au moment où cet État procédait depuis près d’un mois à l’élimination de la composante Tutsi de la population. L’idée qui vient immédiatement à l’esprit, c’est qu’ils ne savaient pas. Mais cet argument n’est pas plausible. La déclassification des archives américaines du Pentagone a révélé que même les dirigeants américains étaient informés du génocide qui se préparait, bien avant son déclanchement [2] . Les dirigeants américains n’étaient pas aussi impliqués que leurs homologues français au Rwanda. Ils n’avaient ni les forces militaires, ni autant d’agents de renseignements présents dans ce pays [3] . De nombreux acteurs politiques français ont d’ailleurs reconnu qu’ils n’ignoraient rien de la menace qui planait sur la communauté tutsi [4] . Le plus accablant est sans doute le fait que des militaires français était présents pendant tout le déroulement du génocide, comme de nombreux rescapés ont pu le constater (vu notamment avec les soldats de la garde présidentielle). Michel Roussin, ministre de la Coopération de l’époque, avouera que quarante à soixante dix militaires d’unités spécialisés étaient restés sur place [5] . Des militaires français dont la présence a été attestée diront être revenu en février 1994 en « touriste » [6] . Deux spécialistes des écoutes et du renseignement, Alain Didot et René Maïer, seront incidemment tués le 8 avril 1994 à Kigali, révélant ainsi leur présence. Depuis 1993, la cellule Élyséenne était directement informées, en liaison directe avec les hommes des commandos du 1er régiment parachutiste d’Infanterie de marine (RPIMa), grâce à la mise en place d’une nouvelle chaîne hiérarchique reliée directement à l’Élysée, le commandement des opérations spéciales (COS) court-circuitant toute la hiérarchie militaire et les autres services de renseignement (dont la DGSE) [7] . Ce n’est pas tout. On sait aussi que, entre le 9 et le 13 mai 1994, c’est à dire pendant la phase la plus intensive du génocide, le chef de la Coopération militaire, le général Jean-Pierre Huchon recevra à Paris le lieutenant colonel Ephrem Rwabalinda et qu’il lui fera remettre des moyens de communication cryptés. C’est donc en connaissance de cause qu’ils ont soutenus les extrémistes hutu pendant la phase d’extermination et qu’ils ont poursuivit discrètement ce soutien après qu’elle eut été réalisée, cela jusqu’en 1997 [8] .

 

Le soutien aux rescapés : une obligation morale

 

Parce que la France est impliquée dans le génocide

Parce que des rescapés meurent de misère, parce que des survivantes, violées et contaminées n’ont pas la possibilité de se faire soigner par trithérapie, alors que leurs bourreaux se font soigner à nos frais à Arusha. Parce que les rescapés continuent de mourir des séquelles de leurs tortures.

Les coups de machettes ont blessé, mutilé. Le viol systématique des femmes et des petites filles a propagé le sida. Des centaines d’habitations de Tutsi ont été systématiquement détruites pendant le génocide. Et puis, il y a partout cette plaie béante qu'est la souffrance traumatique et psychique. De la part du gouvernement et de la société civile, les efforts pour aider les rescapés sont énormes, mais dans ce pays pauvre et abandonné de la communauté internationale, ils ne peuvent suffire.

La plupart des rescapés, anciens éleveurs ou agriculteurs, sont dans un état physique tel qu'ils se trouvent dans l'incapacité d'effectuer le moindre travail pour assurer leur survie. Certaines veuves, survivantes de grandes familles se retrouvent seules, isolées, sans aide et doivent pour vivre vendre ce qui leur reste de force et vont même parfois travailler dans les champs de leurs bourreaux. Des victimes ont besoin de chirurgie réparatrice et doivent être opérées en Europe pour réparer les séquelles des tortures subies pendant le génocide : coups de machette mal cicatrisés, seins coupés, brûlures profonde, etc., …

D'autres personnes, qui ont été contaminées par le sida à la suite du viol dont elles ont été victimes, en 1994, ont besoin d'une trithérapie pour vivre. Le Rwanda ne bénéficie toujours pas de médicaments génériques. Par ailleurs, il faut savoir qu’une trithérapie commencée ne peut être interrompue. Son arrêt rendrait l’état de santé de la personne encore plus fragile que si elle n’avait jamais bénéficié du traitement.

 

LA FRANCE PEUT ET DOIT AIDER LES RESCAPÉS

A titre indicatif, donnons une idée du niveau de vie actuel au Rwanda :

  Les salaires

·        un fonctionnaire gagne de 40 à 240 euros/mois

·        un commerçant gagne de 100 à 600 euros/mois

·        un ouvrier agricole gagne de 40 à 200 euros/mois

  La santé

  • Une consultation coûte de 4 à 6 euros
  • Une consultation plus le laboratoire coûte de 14 à 100 euros
  • L’assistance d’une personne sous trithérapie coûte 150 euros/mois

L’éducation

  • La scolarité primaire coûte 15 euros/mois
  • La scolarité secondaire coûte 30 euros/mois

Nous, citoyens français voulons que notre pays s’engage officiellement à demander pardon aux victimes du génocide. Nous voulons que notre pays aide des enfants qui veulent tout simplement vivre et aller à l'école et qui n’ont pas les moyens de payer les fournitures scolaires. Nous voulons que l’État français participe à la prise en charges des trithérapies des femmes violées, des soins et les opérations des victimes du génocide. Nous voulons qu’il contribue aux reconstructions des logements détruits.

Nous voulons simplement qu’il répare ce qu’il a contribué à faire.


[1] « Au début du génocide, les autorités avaient gelé les comptes bancaires des Tutsi, probablement dans l’intention de transférer ces fonds au profit du gouvernement. (…) Les autorités avaient demandé aux bourgmestres de régler sans tarder la redistribution des biens et des terres des Tutsi. (…) Les bourgmestres des communes rurales se préoccupaient surtout de la redistribution des parcelles cultivables, tandis que ceux des villes, comme à Butare, attribuaient les maisons, voire des étals sur les marchés, et ce pendant les mois de mai et de juin. » Alison Des Forges, Aucun témoin ne doit survivre, Human Rights Watch Africa/FIDH, Karthala, 1999. Alison Des Forges est historienne, professeur à Harvard.

  [2] Ces documents déclassifiés sont consultables sur le site www.gwu.edu/~nsarchiv. William Ferroggiano a utilisé « The freedom of information act » qui n’a pas d’équivalent en France. Notons que la presse française s’est empressée d’en faire de gros titres en évitant de poser la question sur leurs propres dirigeants ! (par exemple : Christophe Ayad et Pascal Riché écrivaient : « Génocide au Rwanda : Washington savait », Libération du 22 août 2001).

[3] On sait que les autorités belges et les Nations Unies à New York étaient également avertis trois mois avant. Un officier belge des renseignements avait signalé en janvier 1994 les préparatifs d'un massacre imminent de la minorité tutsie, comme l’ont rapporté le ministre belge de la Défense Jean-Pol Poncelet et le général canadien Roméo Dallaire, l'ancien commandant en chef des Casques bleus de l'ONU au Rwanda. Le Monde du 11-12 novembre 1995.

[4] Comme l’ambassadeur Georges Martres, qui expliqua à la Mission parlementaire d’information que « le génocide constituait une hantise quotidienne pour les Tutsi ». Audition du 22 avril 1998. Enquête sur la tragédie rwandaise (1990-1994). Tome III, page 119 (Martres a été remplacé par Marlaud en 1993).

 

[5] Propos rapportés par Patrick de Saint-Exupéry dans le Figaro du 2 avril 1998. Lors de son audience devant la  Mission d’information Michel Roussin ramènera ce nombre à 24 hommes (Mission parlementaire, tomme III, audition, page 110).

[6] Audition à huis clos des lieutenants-colonels Jean-Claude Maurin et Gilles Chollet le 3 juin 1998 à la Mission d’information.

[7] Comme le dévoile Jacques Isnard dans Le Monde du 21 mai 1998.

[8] Date à laquelle les livraisons d’armes aux forces du génocide exilées au Zaïre et au Soudan n’avaient toujours pas cessé, ni l’entraînement de commandos en Centrafrique.
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