A Marianne Dautrey, ce message qui ne vous est jamais parvenu

Permettez-moi de vous poser une question.
Rien qu'une.

Au moment où des rescapés du génocide des Tutsi portent plainte pour complicité contre des militaires français, je relis votre article paru dans Charlie du 7 avril 2004 : « Rwanda, dix ans : on souffle les bougies du génocide ». Je suis frappé à nouveau par la même constatation, faite l'année dernière : si le mot génocide est omniprésent, il est impossible de savoir de quoi il s'agit.

Le mot Tutsi est banni de l'article. De quel génocide s'agit-il ?

Si on vient de s'informer auprès de l'Agence Fides du Vatican, il est clair qu'il s'agit du génocide des Hutu dont la martyrologie a été une composante essentielle de la propagande génocidaire.

C'est exactement comme si l'on faisait l'exercice de parler de la Shoah en excluant le mot Juif et le mot Allemand.

Imaginez, dix ans après, le négationnisme aidant ! On ne saurait plus de quoi il s'agit. Alors, en ce qui concerne le génocide des Tutsi qui s'est déroulé au centre de l'Afrique, en impliquant de surcroît des forces et des politiciens français…

Alors que Dominique de Villepin, Ministre des Affaires étrangères parlait il y a peu des génocides aux pluriels. Alors qu'une diaspora hutu, composée de cadres et d'intellectuels acquis à l'idéologie raciste du Hutu Power est extrêmement active et puissamment soutenu par les ONG chrétiennes et l'Église catholique.

Dans ce contexte négationniste, cette omission est lourde de signification.

Elle apparaît comme un flou volontairement entretenu.

Ma question est alors : pourquoi ? Est-ce voulu, calculé ?

Je ressens cette omission comme une insulte aux victimes. Une négation insidieuse, au second degré, du génocide et celle de la souffrance qu'ils ont subie pour ce qu'ils sont.

Cordialement,

Jean-Paul Gouteux

 

à lire: Françafrique: Le rôle de la presse

 

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